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Le journal d'un excessif
21 juillet 2008

"No Hidden Path" : Neil Young live à Rock in Rio (Madrid le 27 Juin)

No_Hidden_Path_1Ceux d'entre nous qui étaient au Grand Rex pour le dernier passage de Neil Young à Paris ne l'oublieront pas de si tôt : "No Hidden Path" est la nouvelle grande chevauchée épique du cheval fou Neil Young (bon, Crazy Horse n'est pas sur le coup, mais vous comprenez l'idée...), et la version de 26 minutes qui clôtura (*) le 27 Juin dernier le set de Rock in Rio Madrid (diffusée par TVE2, disponible sur le Net) ravive nos meilleurs souvenirs. Avec une mélodie enchantée comme Neil en pond une ou deux par album, pas plus, avec ce son de guitare cataclysmique inventé voici presque 30 ans pour "Hey Hey My My...", "No Hidden Path" est l'un de ces morceaux épiques qui, tous ensemble, constituent la pierre de touche de l'oeuvre du Loner : "Down By The River", "Cowgirl in the Sand", "Cortez The Killer", "Like a Hurricane", "Powderfinger", "Love and Only Love" (également interprété à Madrid...), etc. Mais ce qui en fait le moment le plus sublime, le plus bouleversant des concerts de cette tournée, c'est la manière dont le vieux tigre semble prendre vie, s'enflammer littéralement à un moment, et trouver une sorte de jeunesse éternelle à travers la furie sonique de ses interminables solos. Interminables car, et on le voit bien sur les images de Madrid, ces instants de grâce sublimes sont le fruit d'un effort, d'une souffrance, d'un travail obstiné : la Beauté ne naît pas ici par hasard, mais à force de remettre l'ouvrage sur le pétrin, ou plutôt de chercher encore et encore dans la glaise amorphe la forme parfaite, ou encore de frotter obstinément les deux mêmes pierres pour que surgisse l'étincelle. Neil Young boulanger pétrissant le pain qui nous nourrira, Neil Young sculpteur qui modèle nos statues éphémères, Neil Young homme de Néanderthal allumant le feu qui nous éclairera dans la nuit noire... des images, toutes justes, pour tenter de saisir le travail d'un Artiste (qui a prononcé le mot "génie" ? Bon, alors celui qui sort de la lampe...) qui, depuis plus de 40 ans, élève régulièrement la musique vers le sublime. Il suffit de voir les visages des spectateursNo_Hidden_Path_2 madrilènes quand l'indicible se produit, quand la guitare leur déchire le coeur, leur met les larmes aux yeux, fait souffler le vent des plaines perdues (oubliées...) sur la foule : bonheur, incrédulité, jouissance même. Le vieil homme sur scène semble se tordre de douleur, devant sa petite troupe de musiciens presque cacochymes qui l'entourent, le protègent, le guident dans sa quête obstinée de la perfection (lui, il les invective, il les fouette du regard, jamais satisfait, toujours plus exigeant...). Son visage déformé par l'âge, évoque celui du vieux marin obstiné : Capitaine Achab de notre génération, Neil Young parcourt encore les océans du monde, transporté par sa furie inextinguible, sa guitare incendiaire à portée de la main, à la recherche de la dernière Baleine Blanche. Et, sur "No Hidden Path", je ne sais pas trop s'il la tue enfin, mais en tout cas, le combat est magnifique.

(*) Note : En rappel, Neil Young interprète pour la première fois "A Day in the Life", l'incroyable morceau de clôture de Sergeant Pepper's. Et on pourrait croire que Lennon et McCartney ne l'ont écrit que pour lui, pour la manière dont sa guitare déchiquetée remplace à elle toute seule - ou presque - l'orchestre symphonique dans la spirale finale. Mais c'est une autre histoire. Heureux Madrilènes !

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Commentaires
M
J'ai eu la chance d'assister à son concert à la hall tony garnier à lyon, et là, rebelote. "No Hidden Path" pendant plus de 20 minutes. Sans parler de "mr soul", "hey, hey, my' my", "words","old man", et encore pleins d'autres bonnes choses. Ni un bonjour ni, un au revoir. Il a gratté sur sa guitare du début à la fin, par terre, sur le dos, pour finir en cassant toute ses cordes qu'il laisse sonner en quittant la scène. J'ai cru rêver tellement c'était incroyable, et pour tout dire je me demande encore si tout cela c'est bien passé...
G
Ce soir du 27 juin à Madrid, Neil Young était tout simplement grandiose.On s'aperçoit vraiment que les concerts du Grand Rex n'étaient que des hors d'œuvre. Hors d'œuvre délicieux d'ailleurs mais rien de comparable à ce concert de Madrid.Avec en préambule 35 minutes de pur électricité avec un Love & Only Love diablement excitant ou Neil prend ses premiers long solos de folie puis un Hey Hey My My qui me fait trembler à chaque fois que je l'écoute (mon morceau favori), une plage acoustique bien intégrée dans le show (Heart Of Gold délicieux) mais l'électricité reprend le pouvoir (et c'est la ou j'aime le plus Neil Young avec un beau Words qui annonce le cataclysmique Hidden Path dans une version ENCORE plus longue que celle jouée à Paris (pas loin de 28 minutes).Et enfin, cerise sur le gâteau avec ce A Day In The Life que Mc Cartney lui même n'arriverait pas à interpréter d'une aussi belle manière. Oui on croirait que ce morceau a été composé pour le Loner.Et l'on oublie vite les commentaires pénibles des deux journalistes ibériques pour se plonger avec délice dans ce superbe DVD (bien filmé qui plus est).Neil Young reste grand et unique.<br /> <br /> Gilles B
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