"The Wire - Saison 5" : LE chef d'oeuvre absolu de la "série TV moderne"
"The Wire" pourrait bien s'avérer, avec un peu de perspective historique sur notre époque, comme LE chef d'oeuvre de la "série TV moderne", et sa dernière saison l'acmé absolu. En inventant une fiction plus complexe qu'à l'habitude (une mystification qui commence comme un jeu et finit par se retourner de manière particulièrement destructrice contre ses auteurs), David Simon n'a rien perdu de la force hyperréaliste de la grande fresque sur la vie policière et politique de Baltimore : au contraire, en allant jusqu'au bout de la logique de ses personnages englués dans un écheveau étourdissant de mensonges et de jeux politiques - et les pires ne sont bien sûr pas les trafiquants de drogue (il faut voir la minuscule mais aveuglante lumière que sa dernière scène jette sur le personnage le plus antipathique de la série) - Simon et ses scénaristes concluent en beauté une chronique tout-à-fait suffocante de l'impuissance "moderne". Certains, comme dans la vie, s'en tirent mieux que d'autres, sans qu'il n'y ait là-derrière ni justice, ni morale, ni même la moindre logique qui puisse rasséréner le spectateur. Le final de "The Wire" atteint une ampleur, une perfection qui laisse loin derrière la majorité du cinéma actuel, sans pour autant perdre un gramme de sa bouleversante humanité, ni non plus sacrifier aux sirènes de "la forme", du "grand" art : modeste et sobre jusqu'au bout, "The Wire" est l'une des plus brillantes réussites artistique des dernières décennies.