Révisons nos classiques : "Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio Leone (1969)
Qu'est qui fait que "Il était une fois dans l'Ouest" est un grand film et le reste malgré le temps qui passe ? Ce scénario parfait, à la fois classique (la vengeance comme moteur) et post-moderne (la peste capitaliste qui gangrène l'Amérique depuis sa naissance) ? Cette construction toute en ellipses brillantes, évacuant scènes de transition ou explicatives pour se concentrer sur des scènes "de bravoure", au risque de perdre un spectateur peu attentif ? Cette mise en scène qui touche régulièrement (systématiquement ?) au sublime, alliée au travail remarquable de Morricone à la musique (la musique de film la plus belle et la plus intelligente jamais écrite ?) ? Ces dialogues cultes, rares mais percutants, qui injectent une dose absolument parfaite d'humour et de second degré éloignant définitivement l'oeuvre du pensum ? Ces acteurs filmés en gros plans comme des reptiles menaçants, qui n'ont pas à jouer, seulement à se mouvoir, accompagnés par ces magnifiques mouvements de caméra que tout le monde a ensuite pompés ? Cette amplitude narrative qui élève le film à une dimension certes opératique, mais aussi quasi mythique ? Oui, tout cela fait de "Il était une fois dans l'Ouest" le modèle du film parfait, à la fois intellectuellement ambitieux et commercialement efficace. Un seul bémol, scorie de son mode de production, la post-synchronisation lourdaude d'un casting international sans langue commune : un peu gênant parfois, mais quand même peu de chose dans le contexte d'un tel film.