"Hanna" de Joe Wright : trop de maniérisme nuit...
Petit film décalé et ambitieux, "Hanna" lorgne sur le succès d'un Jason Bourne tout en déclinant abondamment ses références auteuristes : imaginaire directement décalqué des contes de Grimm, avec une Cate Blanchett aussi parfaite qu'incroyablement irritante en méchante sorcière, contemplation un tantinet complaisante de la déchéance du monde (Maroc, Espagne, Allemagne, tout est en friche, tout est défait, tout est affreusement laid) accentuée par l'impressionnante - et saoûlante - bande sonore des Chemical Brothers, maniérisme excessif de la mise en scène. Joe Wright se pose en artiste, il n'est pas sûr que cela rende service au film, qui passe par exemple totalement à côté de l'un de ses thèmes essentiels, la découverte de la vie et des émotions par une "enfant-loup" qui vient juste de sortir du bois. Oui, "Hanna" impressionne beaucoup, en particulier grâce à des scènes de violence impitoyables, mais manque singulièrement d'âme et de coeur, et ce malgré les efforts méritoires de la jeune Saoirse Ronan.