Révisons les classiques du cinéma : "Hana Bi" de Takeshi Kitano
Alors que Kitano s'est sauvagement sabordé au cours de la dernière décennie, préférant - non sans une certaine élégance destroy - la bouffonnerie et la confusion à la consécration artistique, que nous dit encore son "Hana Bi", que j'ai personnellement toujours considéré comme son plus beau film, parce qu'en équilibre dangereusement instable entre ses "yakuzas-films" sadiques et ses "mélodrames" jugés trop "faciles" ? Que le cinéma, même après plus d'un siècle d'existence, reste capable d'inventer de la forme, de nouvelles manières de conter les mêmes vieilles histoires - même si le recyclage de ces nouvelles formes s'opèrent désormais si rapidement qu'elle deviennent de nouveaux poncifs en quelques années... Que rien n'est plus beau que le brouillage systématique des repères du spectateur si confortablement installé dans les codes du cinéma-spectacle, et que c'est tout simplement un sentiment merveilleux que se trouver ainsi partagé entre bonheur et déchirement... Que, comme on le sait depuis longtemps, depuis les grands réalisateurs du muet, l'écart entre le grotesque et le sublime est à la fois insignifiant, mais est aussi suffisant pour qu'un film entier s'y promène sans nous lasser... Que le 7ème Art peut parler de manière bouleversante de la peinture, loin des codes habituels... Qu'il n'y a pas de limite à l'art lorsqu'il prend frontalement en charge le meilleur comme le pire de l'humanité... Pour tout cela, en 2011, "Hana Bi" n'a pas vieilli d'un poil !