The Go! Team à la Joy Eslava (Madrid) le jeudi 31 mars
Etant entrés les premiers, nous nous sommes « idéalement » placés, légèrement sur la gauche, pour être entre Ian Parton, le guitariste-petit pois sauteur fondateur du groupe, au look très « Sonic Youth », et Ninja, la pétulante figure de proue, à l’énergie scénique inouïe. Le sextet de The Go! Team entre donc sur scène avec une demi-heure de retard sur l’horaire prévu, mais il est impossible de leur en vouloir, tant on a l’impression d’être happés par une tornade de joie et de bonne humeur. Autant être franc, je ne me souviens pas avoir jamais vu sur scène un groupe aussi « mobile » : aucun des 6 musiciens n’arrête une seconde de bouger, danser, courir, sauter, gesticuler (si, il y aura une petite pause, un morceau où l’on pourra respirer un petit coup), au point qu’ils feraient presque passer la troupe d’Arcade Fire pour des papys somnolents ! Dans ces conditions, faire des photos qui ne soient pas floues relève de la gageure, mais, honnêtement, on s’en moque un peu, on est là pour s’amuser, non ? Le set démarre – logiquement et littéralement – par T.O.R.N.A.D.O., l’ouverture hip-hop ravageuse de « Rolling Blackouts », et on perçoit tout de suite la différence avec l’album : le son brouillon et confus se transforme sur scène en une tempête impétueuse, la voix de Ninja est magnifiée par son jeu de scène impressionnant (oui, elle est vraiment petite, mais elle est très sexy et a du charme à revendre, un grand sourire perpétuellement affiché sur le visage), et, si ce n’est la légère déception de constater que les cuivres qui propulsent l’album sont reproduits et samplés, et non joués par de « vrais » musiciens, The Go ! Team affiche une maturité musicale et instrumentale qui surprend par
rapport à leur image volontairement amplifiée de petits bricoleurs lo-fi ! Et ce d’autant que, on s’en rend compte dès l’enchaînement avec la chanson suivante, Grip Like A Vice, les musiciens changent à chaque morceau de place, d’instrument et de rôle dans le groupe ! Là encore, c’est une pratique qui est devenue assez courante depuis les débuts d’Arcade Fire qui me semblent ont aussi lancé cette mode, mais nul groupe n’a autant systématisé ce changement permanent, qui chez eux traduit plus une philosophie démocratique, très « punk », de la pratique musicale qu’un souhait d’optimiser rationnellement les talents de chacun !
Bon, c’est aussi clair sur scène que sur disque, le gros problème – pour ceux qui le voient comme ça – de The Go! Team, c’est l’impossibilité de cataloguer, classer, étiqueter leur musique, véritablement protéiforme, quelque fois même informe, passant d’une chanson à l’autre, voire au sein même d’une chanson, du rap à la noisy pop, de l’ambient music à la nippon pop, en passant par les BO de veux films de Blaxploitation ! Le tout avec le sourire, en transformant chaque morceau en une mini-célébration hédoniste : d’ailleurs, l’une des banderoles agitées par un fan espagnol du groupe dit : « Souris quand tu te masturbes », ce qui me semble parfaitement approprié au spectacle qui nous est offert. L’heure et quart du concert va donc nous permettre d’osciller entre funk emballé (deux guitares, deux batteries, ça pulse... !) qui fait vraiment monter la pression, et pop suave et électrique, en général chantée par Kaori Tsuchida, la plus « new wave blanche » de la bande, voire par la mini-mini « batteuse » Chi Fukami Taylor. Entre le démarrage pied au plancher et le final explosif de The Power Is On, suivi de Back Like 8 Track (là, The Go! Team en devient presque sidérant, pas si loin de la transe magnifique de nos merveilleux amis de !!!), peu de passages à vide, juste quelques moments moins hystériques, mais pas moins enchanteurs : je réalise – enfin - que Secretary Song ou Ready Go Steady sont de très belles chansons pop, même vêtues de haillons et traînées dans la gadoue comme elles le sont... Dans la salle en liesse, ça bouge presque autant que sur scène, tout le monde pogote, trémousse ou oscille selon le cas, on chante les « la la la » d’usage sur les morceaux quasi –instrumentaux, on répond aux exhortations de Ninja, qui n’a pas sa langue dans la poche pour faire de la retape : Ninja est là pour vanter les charmes de (et au final nous vendre…) « son » album, même qu’à son avis, on devrait chacun en avoir deux exemplaires, au cas où, et aussi en acheter pour nos voisins !
Vers la fin du et, Ninja demande à « l’homme-poulet » de se montrer, et, personne ne se manifestant, se plaint de la couardise de ce fan qui lui a envoyé un mail lui promettant de venir ce soir vêtu d’un costume de poulet, et qui n’a donc pas tenu sa promesse...
Fin des morceaux de la set list au bout d’une courte heure, c’est frustrant, mais on se doute bien qu’en sautant en l’air sans arrêt comme ça, les musiciens ne vont pas tenir deux heure et demi... ! The Go! Team reviendra néanmoins pour trois titres et plus de dix minutes de bonheur supplémentaires, avant de quitter définitivement « Madriiiiiiiiid » comme adore le répéter Ninja en singeant l’accent espagnol.
(L'intégrale de ce compte-rendu sera posté sur le blog des RnRMf !)