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Le journal d'un excessif
21 décembre 2010

Motörhead à la Riviera (Madrid) le dimanche 19 décembre

2010_12_Mot_rhead_La_Riviera_04321 h 15 : "We are Motörhead. We play rock'n'roll" : peut-il y avoir une meilleure introduction à un concert ? Mur de Marshall, son extraordinaire – ce son dont je rêvais quand j’allais aux concerts à Paris : sauvage, absolument destructeur pour l'ouïe, mais parfaitement clair. Et la formule du power trio reste le modèle du genre ! Lemmy, tout en noir évidemment et portant chapeau de la Guerre de Sécession, me paraît assez inchangé, un peu tassé certes, mais pas aussi fatigué que les amis parisiens me l’avaient annoncé : même voix (mêmes borborygmes gutturaux ?), même attitude scénique (ou même absence totale d'attitude scénique ?). Phil Campbell, le guitariste au look de sans-abri, est le plus proche de moi, sur la gauche, mais restera relativement mal éclairé d’où je suis placé. Il assure le principal de la communication basique avec le premier rang : clins d'œil aux filles, lancers de médiators, demande d'une bière au bar du coin, etc. sans jamais louper un riff ou un solo abrasif. Au fond, sur une estrade entre les Marshalls, Mikkey Dee déverse un déluge de percussions destructrices, qui nous détruisent systématiquement la tête : impressionnant, tout simplement ! Avec son look de Mick Ronson circa ’72 bedonnant, il ne paye pourtant pas de mine, mais c’est une bête. D’ailleurs, au bout de 45 minutes de concert (pendant In The Name of Tragedy, je crois...), il aura droit à son solo de batterie : déstructuré, sauvage mais forcément lassant, et en tout cas, à mon avis, pas approprié au style « puriste » de Lemmy et de Motörhead !

2010_12_Mot_rhead_La_Riviera_059J’ai dit que Phil était le plus extraverti du trio, mais il ne faut pas croire que Lemmy – malgré son physique et sa posture relativement butée – soit un ours : au cours de la soirée, il remerciera fréquemment les Madrilènes pour leur enthousiasme, et fera systématiquement preuve de cet humour très anglais, celui du "lad" du pub du coin, un humour simple mais de bon aloi ! On ne peut pas dire que le fait d'être une légende vivante soit monté à la tête de Lemmy, héros populaire (« Les politiciens ? Ils ont le pouvoir, cela ne veut pas dire qu'ils ont le droit ! Fuck them ! »... démagogique, certes, mais percutant en ces temps de crise financière). En introduisant une ancienne chanson de 1983, I Got Mine, il ricanera : "Vous n'étiez même pas encore nés". Plus tard, après avoir félicité une fois encore le public, en large partie masculin, il ajoutera : "La prochaine fois, amenez votre sœur !"...

Il y a à mon avis deux manières d'appréhender le déluge sonique que Motörhead déverse sur nous : physiquement, en laissant son corps et son esprit dériver au fil du fleuve sonore, ou intellectuellement, tant la musique de Motörhead tient finalement plus du pur concept que d'autre chose. Il est difficile de s'exciter vraiment, de se laisser emporter vers l'hystérie, quand on est ainsi englouti dans un maelstrom continu, où l'on 2010_12_Mot_rhead_La_Riviera_074finit par ne plus distinguer les morceaux - certains plus rapides (pas assez peut-être ?), d'autres plus lourds. Mais heureusement, juste quand le concert commence à paraître un peu routinier, les vieux briscards de Motörhead savent toujours accélérer : ce sera Brazil, un pur moment de rock'n'roll, comme dirait l'autre, qui va lancer le dernier sprint. Ace of Spades, présenté par Lemmy, pince sans rire, comme « la dernière chanson avant qu'ils ne reviennent en faire une dernière », permet à tout le monde de brailler en levant le poing en l'air. Ce sera quand même le rappel, avec Overkill en point d'orgue, qui nous rassurera définitivement sur la pertinence de Motörhead : une version apocalyptique, sous les stroboscopes éblouissants, avec un son absolument "extrême" et des breaks comme chez nos amis de QOTSA ! Destruction de centaines de neurones dans ma tête, ivresse sonique ! Un regret : pourquoi tout le concert ne pouvait-il donc pas être comme ça ? Trop vieux, Lemmy ? Je ne crois pas...

En tout cas, c’est sûr, Rock'n'roll will never die !

PS : l'intégrale de ce CR sera sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !

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