"Oncle Bonmee...", à la recherche du cinéma perdu...
C'est peu dire que le cinéma de Weerasethakul est "segmentant", comme disent les experts en Marketing : "Oncle Boonmee", on adore (d'où la Palme d'Or, amplement méritée si l'on se place du point de vue de la contribution du film au cinéma comme Art majuscule, à la frontière quand même avec "l'art moderne", sans majuscule) ou on abhorre (la grande majorité des spectateurs quittent la salle pendant la projection). Il s'agit pourtant d'un cinéma simple, qui recherche à la fois avec sérénité, voire avec bonté, l'essence de l'homme, tout en retournant vers une viscéralité du medium cinéma perdue depuis l'âge d'or du Muet. En se laissant porter par le flot bruissant d'images, dériver au fil délié d'une narration qui serpente à travers le temps, la réalité et le conte, les personnages changeant, il n'est pas si difficile de prendre un plaisir réel à ce film-poème, à la fois trivial (les corps malades, le bonze défroqué, et tant d'autres détails) et profondément inspiré (une bonne moitié des plans sont à tomber, tant on a l'impression de ne jamais les avoir vus auparavant, tout en les reconnaissant intimement).