Révisons nos classiques : "Manhattan" de Woody Allen (1979)
Puisque c'est un film que je revois en gros tous les 10 ans, "Manhattan" me permet à chaque fois de faire le point sur mon amour pour Woody (qu'il est loin, ce Manhattan-là, balayé par cette modernité que Woody semblait déjà craindre, à l'époque… mais qu'il est loin aussi, ce Woody Allen-là, qui n'avait pas encore senti la nécessité de travailler sur des scénarios - comme tout le monde -, et se contentait de nous parler, et si intelligemment, de lui-même, de ses amours, de ses névroses…), mais aussi sur mon propre rapport aux sentiments comme aux idées : si je ne suis toujours pas forcément réceptif à la poésie un peu conventionnelle de ces images - très belles, il est vrai - d'une Metropolis disparue sur la musique de Gershwin, je ne peux pas m'empêcher de verser une larme ou d'esquisser un sourire (ému, gêné, ironique) devant le spectacle aussi pitoyable que furieusement humain de tant de désastres amoureux. Non, "Manhattan" ne fait pas partie, à mon avis, des chefs d'oeuvre académiques, c'est un film toujours incroyablement vivant, trente ans plus tard.