"Air Doll" de Hirokazu Kore-Eda
Avec "Air Doll", Kore-Eda abandonne de manière inattendue son réalisme minutieux (qui l'ont fait comparer à un Ozu) pour aborder un fantastique poétique qui ne lui convient pas vraiment : il y a dans la partie du film montrant la découverte de notre monde par une poupée encore "vierge" de sensations, bon nombre de scènes simplistes, naïves - pour ne pas dire un peu niaises - prouvant que Kore-Eda n'a pas vraiment su comment les aborder, et s'est contenté de clichés. Heureusement, il y a aussi, grâce au sens exquis du détail et à la parfaite maîtrise de la "durée cinématographique" qu'on connaît à Kore-Eda, un bon nombre de scènes magnifiques, bouleversantes, justifiant pleinement notre admiration pour lui. La dernière partie de "Air Doll", furieusement pessimiste (à quoi se réduit donc une vie, si le corps humain n'est au final qu'une ordure incinérable ?) nous fait retrouver nombre de thèmes très "japonais" (la trivialité du sexe, l'amour qui donne la vie et la reprend, la solitude urbaine) mais ici parfaitement maîtrisés.