(Séance de rattrapage) "Agora" de Alejandro Amenábar
Si on voit bien l'ambition (démesurée ?) d'Amenabar - réaliser le premier peplum à la fois métaphysique (la distance entre l'univers et la vision réductrice des religions) et intellectuel (remplacer le fracas des armes par le débat d'idées) -, force est de constater que l'échec, tant sur le fond que sur la forme, est sans appel. Mélanger les codes hollywoodiens du cinéma à grand spectacle avec les fulgurances du ciné-reportage façon "je suis un journaliste qui couvre les émeutes", en y rajoutant des effets spéciaux zoomant vers l'infini, c'est quand même se condamner à l'incohérence, non ? Quant à la haine et au mépris qu'Almenabar exprime pour les débuts de la religion chrétienne, directement assimilables aux excès actuels des islamistes, elle est incontestablement stimulante (voir le très beau final, très dur et intense), mais on ne peut pas s'empêcher de trouver tout cela un tantinet simpliste derrière l'apparente complexité. Reste qu'un tel ratage est plus passionnant que bien des demi-réussites : au moins, voici un film "différent" !