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Le journal d'un excessif
11 avril 2010

Blood Red Shoes au Moby Dick Club (Madrid) le samedi 10 avril

2010_04_Blood_Red_Shoes_01121 h 50 : c'est même avec un peu d'avance sur l'horaire que Blood Red Shoes attaque son set, l'idée étant apparemment de nous "libérer" à temps pour assister à la seconde mi-temps du match (Laura-Mary nous fera d'ailleurs part de sa surprise de voir la salle ainsi bondée, malgré LE match !). Pas de surprise, c'est toujours par leur éternel It's Getting Boring By The Sea que Steve et Laura-Mary attaquent le set, et le souvenir des concerts précédents permet de tout de suite faire le point sur ce qui change, et sur ce qui ne change pas chez Blood Red Shoes. Fondamentalement, on reste dans le respect des principes du groupe : deux voix aériennes, des riffs brutaux, des mélodies accrocheuses, une batterie cataclysmique (Je suis sûr que Steve se rêve en fils de John Bonham), Laura-Mary qui reste réservée et Steve qui amuse le public et fait le show. Mais il y a aussi, heureusement, une évolution : d'abord, et ce n'est pas anecdotique du tour, ce soir, Laura-Mary ne fait pas la gueule, elle sourit même largement, et paraît régulièrement heureuse de l'accueil délirant (mais ça, c'est classique ici) du (jeune) public madrilène. Ensuite, il y a un sentiment de violence, de brutalité même, dans la musique de Blood Red Shoes, qui n'était pas là avant, et fait une sacrée différence. Comme c'est déjà clairement discernable sur l'abum ("Fire Like This", recommandé...), nos deux pâles Anglais payent clairement désormais leur tribu à Nirvana, et cette orientation vers une rage plus désordonnée, moins contenue dans les carcans pop, transforme assez fondamentalement la manière dont on "vit" désormais un concert de Blood Red Shoes : c'est comme si, de théorique et conceptuelle, cette frustration intense qui a toujours nourri les chansons de Blood Red Shoes, se voyait désormais "matérialisée", littérale, palpable. Dès Light It Up, on sent que le concert peut atteindre ce soir des sommets : les fans pogottent et chantent à tue-tête, le staff derrière la console a la banane, Laura-Mary sourit de toute ses dents, et moi, moi je me rends compte que je n'ai encore jamais entendu 2010_04_Blood_Red_Shoes_029Blood Red Shoes comme ça, à deux doigts de se libérer de sa bonne éducation anglaise. Je dis à deux doigts, car si on passera à deux ou trois reprises très près de la "grandeur", on n'y arrivera jamais complètement : voyez par exemple le superbe When We Wake, sommet à mon avis du second album, avec son crescendo acéré, eh bien on sent qu'on est presque à la "jouissance sonique"... mais pas encore tout à fait...!

Petite pause sympa quand Steve téléphone à sa petite sœur dont c'est l'anniversaire aujourd'hui, et que nous chantons tous en chœur "Feliz Compleaños..." Laura-Mary se marre, mais je me demande quand même si ce genre de "laisser-aller" correspond à sa vision de ce que doit être Blood Red Shoes... Le duo enchaîne les chansons impeccables (Don't Ask : j'adore !), clairement moins pop qu'autrefois, mais bien plus "émotionnelles", jusqu'à ce que, au bout de 45 minutes seulement, Steve nous annonce que c'est la dernière chanson... Noooon ! Comment se fait-il qu'avec deux albums pleins jusqu'à la gueule de bonnes chansons, Blood Red Shoes nous limite encore à la "portion congrue" ? Laura-Mary et Steve descendent de scène, traversant sans les toucher les rangées de fans qui sont pourtant en extase : oui, au Moby Dick Club, les artistes doivent descendre dans le public pour monter sur ou descendre de la scène... et c'est visiblement une petite épreuve pour Steve et Laura-Mary qui ont encore visiblement du mal à affronter la proximité physique avec leur public ! Rappel de deux titres, enchaînant Doesn't Matter Much en version "grunge", et, le 2010_04_Blood_Red_Shoes_024moment que j'attends depuis le début, ce Colours Fade qui est une quasi citation du style Sonic Youth. Oui, désormais, Blood Red Shoes a UN morceau - long et déstructuré - digne de conclure ses sets, mais... Blood Red Shoes n'est pas encore Sonic Youth, et, malgré le niveau sonore élevé, tout cela reste encore un peu trop poli et respectueux pour nous faire décoller comme cela devrait. Je réalise a ce moment là que, bien que nombre des chansons de Blood Red Shoes ait le potentiel de faire basculer un concert vers "autre chose", le duo reste quand même prisonnier d'une exécution trop fidèle aux versions studios. Oui, le magnifique Colours Fade devrait être une tuerie, et il ne l'est pas...

Mais ne nous plaignons pas, l'évolution de Blood Red Shoes est impressionnante, et, le public madrilène aidant, Steve et Laura-Mary ont été meilleurs que jamais ce soir... je ne suis pas certain que Blood Red Shoes pourra un jour transcender ses limites, mais, ce soir, j'aurai fait avec, et avec beaucoup de plaisir.


Retrouvez l'intégrale de ce CR sur le blog des RnRMf...
 

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