"Rolling Stones - Une Biographie" de François Bon : un pavé un peu indigeste mais essentiel
<p><p><p>RSUB</p></p></p>
Presque 1100 pages que j'ai bues sur deux mois, en alternant de grandes lampées addictives avec de petites gorgées un tantinet écœurées. Deux mois
avec, tout contre même, les Stones, deux mois finalement inoubliables sur les traces de
notre jeunesse à adorer les Stones : oui, j'avais les yeux littéralement inondés
de larmes quand François Bon raconte la genèse de Satisfaction, sans doute le
passage le plus bouleversant du livre, ce moment quand, d'un coup, il nous fait toucher du doigt l'essence du mythe, ou plutôt la réalité du génie derrière le mythe. Et aussi la gorge serrée
quand Bon nous dit l'évidence : sa vie, notre vie, qui a été sauvée par la
rock'n'roll, lui en Charente profonde, moi en Saône et Loire obscure. Bien sûr,
les coquetteries stylistiques de Bon rendent le livre difficilement abordable -
la préface, illisible, m'est tombée des mains 3 fois avant que je décide de
persévérer : pourtant, l'élégance folle qu'il y a à vouloir faire de dix ans de
recherche un objet de pure littérature ! Et de parler d'eux, de nous et du monde
dans un même jet. Et de nous expliquer aussi bien la technique à l'œuvre dans
la musique que la complexité des rapports amoureux et humains derrière la légende. Au final, Bon échoue sur bien des points de son projet
délirant, mais cet échec, à l'image de ce livre malaisant, hypertrophié, est
bien plus fécond que tant de réussites : au final, ce qui nous importe plus ici
que Jagger ou Richards, c'est François Bon, notre frère en
rock'n'roll.