Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le journal d'un excessif
4 mars 2010

Adam Green au Ramdall Music Club (Madrid) le mercredi 3 mars

2010_03_Adam_Green_01821 h 35 : Adam Green monte sur scène, et c'est une sorte de choc : imaginez Gainsbourg dans sa phase trash terminale, avec 25 ans de moins, sur la scène du CBGB en pleine naissance du punk new yorkais... Je ne crois pas que je puisse décrire mieux ce que j'ai devant moi. Adam, petit blouson de cuir sur son torse nu et grassouillet, pantalon informe et tombant, s'agite dans tous les sens comme s'il savait danser... Il court sans cesse d'un bout à l'autre de la petite scène, essayant visiblement de noyer son désespoir en déchiquetant ses belles chansons, jouées à la truelle par un groupe basique de chez basique... La voix est inaudible pendant une bonne partie du set, alors que toutes les minettes sont venues pour ça, pour entendre cette belle voix grave qui transforme leur petite culotte en serpillière. Mais Adam s'en fout, il cherche le contact physique avec toutes ces jolies filles qui le regardent, il vient les toucher, serrer leurs doigts, se rouler sur elle... Il multiplie les stage divings - 4 ou 5 pendant l'heure 2010_03_Adam_Green_043vingt de concert - et je suis sûr qu'il fait ça pour sentir leurs mains sur lui, ce pervers ! La petite fan à côté de moi se recule d'un air dégoûté à chaque fois qu'Adam en sueur vient se frotter à elle. Les gobelets de bière volent et nous arrosent copieusement. C'est un putain de concert de rock'n'roll, my friend, oui oui, je crois que ça devait être exactement comme ça pour Richard Hell ou Johnny Thunders dans les clubs new yorkais en 75-76... La connexion avec les Strokes me paraît, pour la première fois, claire ce soir... sauf que l'on parlerait de Strokes qui ont oublié élégance et bonnes manières pour se laisser aller à chanter des horreurs sexuelles (la grande spécialité d'Adam sur ses premiers disques) et à se comporter comme des sagouins. A ce stade de la soirée, alors que les morceaux interprétés, méconnaissables, convainquent moins que l'esprit dans lequel ils sont joués, déboule une version fun et furieuse de Emily, qui marque une certaine 2010_03_Adam_Green_026reprise en main par Adam du chaos...

Puis, brutalement : une pause solo acoustique... ce qui nous faut quand même du bien ! On retrouve les chansons magnifiques d'Adam (une version bien assénée de Bluebird, en addition à la setlist qui ne servira de toute manière que de fil conducteur), jusqu'à un sommet, une interprétation magnifique de douleur du superbe Boss Inside, avec ses paroles qui font frémir (Adam noie un ami en le maintenant sous l'eau et le serrant dans ses bras, le genre...). Et après, le groupe revient, et on repasse au rock'n'roll avec une série de chansons cette fois audibles : Buddy Bradley, Goblin, Stadium soul, toutes extraites de "Minor Love", mais réellement abouties par rapport à l'album. Puis c'est le crowd pleaser : Dance With Me, sur un rythme disco et avec tout le monde qui saute sur place et avec Adam, insatiable, qui repart pour un nouveau stage dive. C'est le sommet d'excitation de son concert, avant de ravir une dernière fois les fans qui chantent toutes (et faux) le parfait Jessica.

2010_03_Adam_Green_047Court break, et on repart pour un long rappel, commençant en acoustique, avant de finir par une version déjantée de Choke on a Cock (et ses vers immortels : "oh je suis si content d'avoir rencontré George Bush, et juste après j'ai été m'étouffer avec une bite")... Et par un moment de pur chaos, une chanson basique que je ne connais pas, à la différence de tout le reste du public (Baby’s Gonna Die Tonight ?). Adam sort de scène, le groupe continue seul pour lancer un feedback infernal avant de quitter la place, jusqu'à ce que le videur excédé débranche lui-même l'ampli, et que la sono enchaîne avec le Fun House des Stooges. Putain de rock'n'roll !

A un moment, en espagnol (oui, Adam s'est exprimé uniquement en espagnol ce soir, et plutôt correctement), Adam nous a dit que "sa vie, ce n'est que du sang...", et croyez moi, il n'avait pas l'air de rigoler. Ceci dit, si votre vie se transforme en eau de boudin (ou en "sang"), vous pouvez, après tout, faire comme lui, et vous mettre minable sur scène devant vos fans en pâmoison. Sauf qu'avant, il faudra quand même avoir pondu une poignée de chansons qui tiennent aussi bien la route que les siennes !


L'intégralité de ce concert se trouve sur le blog des R'n'RMf***s !
 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le journal d'un excessif
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité