New Model Army à la Sala Live !! (Madrid) le jeudi 5 novembre
La salle est bien pleine alors que New Model Army
débarque, à 22h25. Je remarque une particularité originale de la Sala Live !! :
il y a au fond de la scène, un grand tableau de diodes lumineuses programmé -
entre autres - pour reproduire le logo - en couleurs - du groupe, et qui est
donc passé de "Charlotte's Shadow" à "New Model Army" pendant qu'on a dégagé la
scène du matériel - léger - de la première partie... Mais quand Justin Sullivan
et sa bande attaquent, tout cela n'a plus guère d'importance : les trois
premiers morceaux, dont l'enchainement Get Me Out (des frissons dans le
dos...) / The Charge, me rappellent immédiatement pourquoi NMA est un
grand groupe de scène : morceaux anthémiques repris en chœur par un public
fervent, qui connait TOUTES les paroles, intensité parfois effrayante de Justin
(maintenant laid à faire peur, avec son air de Bob sorti d'un cauchemar de Twin
Peaks et ses affreuses dents en or !), puissance du son. C'est tout simplement
parfait... Mais bien sûr, ça ne durera pas, du moins pas à ce niveau là... Une
poignée de chansons moins fortes - il s'agit d'ailleurs des titres, enchaînés,
du dernier album, "Today Is A Good Day", et la magie se dilue, pour ne revenir
que par intermittence : un magnifique Autumn - le grand morceau, le
seul, du dernier album -, un Vagabond qui monte aux nues, et en rappel,
mon titre favori, 51st state, qui rappelle une époque où NMA jouait plus
ample, plus acoustique, moins dur, mais avait un propos tellement pertinent
qu'il le reste plus de 20 ans plus tard...
Oui, NMA me parait un groupe
désormais plus "hard" qu'à ses débuts : il faut dire qu'il ne reste plus que
Justin et le batteur, Robert Heaton, de la "grande époque", et le son lyrique
d'autrefois a été abandonné pour une musique certes plus moderne, mais aussi un
tantinet plus banale (je ne suis toujours pas convaincu que la tonalité presque
Heavy metal de Good Day soit une bonne idée, même si je trouve les
paroles - sur l'effondrement des Bourses - foutrement jouissives..). Mais ce
sont là de petites réserves sur un groupe qui sait toujours être aussi puissant
- aidé ce soir par un son rageur et compact comme on les aime, le gros Marshall
du guitariste en face de moi me faisant régulièrement fumer les oreilles -,
alors que son auditoire a vieilli avec lui, et s'est aussi réduit... Un groupe
qui perpétue la tradition d'un rock rebelle, voire révolutionnaire, qui n'est
plus d'actualité, mais qui devrait pourtant l'être plus encore aujourd'hui que
jamais.
Voilà, au final, après les 3 morceaux du rappel (51st State,
donc - avec Justin qui nous rappelle qu'il s'agit d'un très vieux morceaux,
mais qu'il est malheureusement toujours d'actualité - et deux autres
"classiques" - dont les titres m'échappent, mais que je connaissais - chantés
par la foule alternativement en furie et en extase, bras tendus vers un Justin
convulsé de rage, NMA a joué 1 h 25, soit bien moins aussi qu'à la grande époque
: je ne veux pas croire que leur générosité se soit tarie, juste que le poids
des années leur fait privilégier des sets plus courts désormais. J'aimerais bien
croire que nous serons toujours là, avec eux, dans 20 ans, à contempler avec
sérénité depuis les montagnes entourant Madrid (je cite Justin en introduction
du magnifique High...) un monde qui nous survivra.
Et pourtant,
on a tous repris en choeur, ad libidum : "Everything is beautiful / Cause
everything is dying..."
L'intégralité de ce compte-rendu est disponible sur le blog des RnRMf***s !