Séance de rattrapage : "Espion(s)" de Nicolas Saada
En cinéphile et théoricien du cinéma, Saada, dont je me souviens avoir aimé les papiers dans "les Cahiers du Cinéma", n'a pas tourné son premier long-métrage sans y amener ses bagages, et se poser tout un tas de questions pertinentes (comment faire un film de genre sans trahir les principes du cinéma d'auteur à l'européenne ? Par exemple…), et cela se sent : son "Espion(s)" respire l'intelligence et la sensibilité, tout en s'attaquant courageusement aux scènes convenues du thriller d'espionnage. Et si le manque de moyens, ou peut-être un défaut de croyance, tout simplement, mine les scènes d'action, assez peu réussies, tout ce qui relève du suspense et de l'ambigüité, deux éléments essentiels d'un bon thriller, est parfaitement agencé, voire même efficace. Il est dès lors dommage que "Espion(s)" tourne finalement un peu court, et laisse un goût amer d'inachevé, laissant son histoire et ses héros en plan, manquant de courage ou d'imagination pour aller au bout de son propos.