"Public Enemies" de Michael Mann : la malédiction des bopics
Qu'est-ce qui condamne les biopics - à quelques exceptions près - à l'ennui, ou au moins à l'indifférence polie ? La question est valide, tant ce "Public Enemies", malgré tous ses atouts (un réalisateur virtuose, un acteur à la grâce terrassante, une histoire forcément passionnante, celle d'un personnage "bigger than life" parcourant en laissant derrière lui sang et flammes la Grande Dépression, la technologie de plus en plus impressionnante de la vidéo HD avec sa profondeur de champ hallucinante…), nous laisse froids ! Oui, Depp est magnétique, Cotillard est jolie, Mann fait régulièrement preuve de plus d'intelligence dans sa mise en scène (et son filmage caméra au poing, assez déstabilisant…) que 99% des réalisateurs hollywoodiens, et il y a même deux ou trois belles scènes (celle du commissariat, celle de la mort de Dillinger)… mais on a peine à se passionner pour cet enchaînement rituel de scènes de violence démunies de sens, et ces personnages assez indifférenciés pour lesquels nous ne ressentons rien.