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Le journal d'un excessif
19 mai 2009

PJ Harvey & John Parish au Bataclan le lundi 18 mai

2009_05_PJ_Harvey_01721 h 02, PJ Harvey est là, à quelques mètres de moi, en petite robe noire sur sa peau blanche, pieds nus, lèvres écarlates, et c'est quand même un beau moment d'émotion quand éclate Blackhearted Love : la voix est sublime, le chant parfait, et derrière, le son de John Parish & Co (dont Eric Drew Feldman, ex-Captain Beefheart, ex-Pere Ubu et ex-Frank Black, aux claviers, excusez du peu !) est impressionnant de classe et d'élégance, à la fois brutal et rond, sensuel et nerveux. Les musiciens, plus très jeunes, sont vêtus de costards sombres, et portent des feutres, le tout donnant une impression d'élégance folle. Soyons clairs : si seulement les morceaux de John Parish étaient un tant soi peu inspirés, ça pourrait devenir facilement le concert de l'année, tant la voix de PJ Harvey nous fascine, nous hypnotise, nous immerge tous - le public qui reste silencieux, presque pétrifié, comme de peur de bouleverser l'équilibre parfait qui se réalise sous ses yeux - dans une extase infinie. Nous dérivons donc, portés par cette musique largement atmosphérique, planante, qui ne se laisse que rarement aller à la violence, malgré le 2009_05_PJ_Harvey_024tonnerre que peuvent déchainer à volonté les deux Fenders. C'est d'ailleurs l'autre bémol - léger - que je mettrais à mon appréciation enthousiaste de ce soir : le vrillant A Woman A Man Walked By nous est joué ce soir sans la furie tellurique de l'album, et PJ semble plus amusée que consumée de désir colérique quand elle crie : "I Want his Fucking Arse". La suite, (The Crow Knows...) instrumentale, est néanmoins magnifique, tandis que PJ, cambrée telle une danseuse de flamenco, se laisse entraîner par la musique dans une transe sensuelle. Un bouquet de roses rouges atterrit à ses pieds, avec un sens du timing parfait... Mais le moment le plus exceptionnel du concert, qui arrachera des cris de joie aux plus endurcis, sera l'interprétation disons "patti-smithienne" d'un titre de "Dancehall at Louse Point", dont j'ignore le titre (Vincent me souffle qu'il s'agirait de Civil War Correspondent...), soit un moment de pure perfection, qui voit PJ devenir pythie et gorgone à la fois : à ce moment-là, sa tenue de prêtresse antique fait sens absolu, nous sommes au centre d'une sorte d'incantation immémoriale, d'une force et d'une beauté suffocantes.

Voilà, le tout ne dure guère que 1 h 20, et le rappel ne sera pas un paroxysme, non, simplement une sorte d'échange radieux (oh, le visage 2009_05_PJ_Harvey_018transfiguré de Parish !) avant de se quitter. Michael récupère la set list, marquée comme celle d'hier a priori "Bruxelles 14 mai". Brigitte rêve d'avoir PJ chantant pour elle toute seule dans son salon. Quant à moi, je me dis que ce petit bout de femme au physique euh... particulier (gros nez, grande bouche, grosse tête, pas de seins, cage thoracique creuse, jambes épaisses et pieds encombrants... que voulez vous de plus ?) reste une incroyable incarnation de la féminité la plus triomphante, et que, plus prosaïquement, elle pourrait chanter l'intégralité des pages jaunes parisiennes qu'elle transformerait ça en brasier extatique."

Comme d'habitude, retrouvez l'intégrale de ce compte-rendu sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s !

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