The Rakes à l'Elysée Montmarte le mercredi 13 mai
The Rakes, moi, je suis à deux doigts de décrocher, malgré mon
affection pour leurs 2 premiers albums : trop de groupes ou d'artistes à suivre
en ce moment, qui sont plus surprenants, plus charismatiques que les Rakes ! Un
groupe honorable, dont je n'attends plus grand'chose, mais dont je rêve
secrètement qu'il m'étonne ce soir, à l'Elysée Montmartre... Et ça ne va pas
manquer, The Rakes vont m'étonner, ce soir : le groupe qui déboule sur scène à
21 h 30 me semble n'avoir plus grand chose à voir avec le groupe after-punk
froid, dur et austère qui arpentait la même scène la dernière fois. Dès le
premier morceau, on est dans un rock exalté, avec un chanteur qui minaude et
croone comme un Neil Hannon sous amphétamines ou un Bowie qui aurait oublié
d'être control-freak : avec ses mitaines de laine rouge, ses yodeloo-oo qui
m'évoquent aussi cette grande folle de Morrissey, on est ce soir au cœur d'un
rock ultra-anglais, maniéré, décadent, pince-sans-rire, et pour tout dire,
absolument irrésistible. Le paradoxe, et le grand plaisir aussi, c'est qu'à la
différence de tous les artistes anglais sus-nommés, le chant de Alan Donohoe
s'appuie sur un déluge de guitares speedées et sur-saturées, comme aux meilleurs
moments de l'explosion punk : "... de la musique de garçons", me confiera
Cécile, admirative, à la fin ! Bref, The Rakes déménagent toujours, et
même plus
encore, mais ils ont troqué le format pop glacé et brillant de leur second album
(dont ils ne joueront que deux morceaux, We Danced TogetherThe
World Was A mess, dans une version qui m'aura paru racourcie, sans la
splendeur de l'original) pour une nouvelle sorte d'hystérie, qui porte
rapidement leurs morceaux - et le public, surexcité de l'Elysée Montmartre - à
l'incandescence. Et les larges extraits du dernier album, sur lequel j'avais
donc fait l'impasse, me paraissent tous excellents, facilement mémorisables
et... intenses ! Ma préférence ira, pour cette première écoute, à un titre nommé You're In It, particulièrement spectaculaire et
efficace.
Sur scène, Donohoe est donc très spectaculaire, avec
son grand corps en permanent déséquilibre, ses mimiques tordues et
désarticulées, et ses paroles provocatrices, mais le reste du groupe n'est pas
en reste, tout le monde - sauf le bassiste, traditionnellement imperturbable -
faisant le spectacle tout en bastonnant sévère (ai-je dit que le son était
remarquable, très fort et clair...? Voilà, c'est fait...). Dans la salle, c'est
l'émeute permanente, depuis l'enchaînement abrasif de 22 Grand Job et
du Poinçonneur des Lilas, et ça slamme et ça pogote brutal un peu
partout. Donohoe paraît tout-à-fait ravi de ce foutoir que sa musique provoque,
je sens quant à moi l'énergie et l'excitation monter, je suis près pour LE
concert mémorable, exceptionnel, les sensations fortes, et tout et tout,
quand... c'est fini ! 50 minutes, The Rakes quittent la scène, et nous nous
entre-regardons tous, interloqués : coïtus interruptus ! Bon, je me dis qu'on va
avoir un bon rappel d'une quinzaine de minutes, mais The Rakes reviennent pour
une version traditionnellement hardcore de Strasbourg, renversent leur
matériel, la batterie et tout, et quittent définitivement la salle : No Fun !
Là, on sent le public furieux d'avoir été ainsi trahi, à l'orée de ce qui aurait
pu, aurait dû être un GRAND concert. Et oui, moins de 55 minutes quand on a
trois albums à jouer, c'est vraiment se foutre de la gueule du monde. Livie râle
comme une furieuse, et elle a bien raison.
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