Séance de rattrapage : "Taken" de Pierre Morel
Affirmons-le : Luc Besson est un gros bourrin, et on ne peut espérer la moindre qualité d'un film portant sa griffe. Non, pardon, "Taken" a une sérieuse qualité, Liam Neeson, dans un contre-emploi total par rapport aux rôles moraux qu'il a quasiment toujours interprétés, et qui en devient furieusement crédible en ex-agent de la CIA à la fois fatigué et déchaîné. Pour le reste, "Taken" nous propose une vision incroyablement nauséabonde du monde, une vision ultra-réactionnaire qui va encore bien au-delà de ce que le Jack Bauer de "24" nous disait déjà, tout en évoluant dans le même registre néo-con : "la fin justifie les moyens", ou encore "rien ne doit arrêter un Américain bien intentionné quand il doit casser de l'Albanais ou de l'Arabe (tous de fourbes musulmans qui convoitent nos femmes)". Si l'on ajoute que les scénaristes éclairés de "Taken" ne voient le salut féminin que dans la virginité, on ne peut que déplorer la réelle efficacité du film, qui entraîne le divertissement brutal vers une vraie perversité décérébrante !