Lily Allen à la Cigale le mercredi 6 mai
Deuxième concert de ma fille Emilie qui approche les
10 ans, après Mika au Zénith l'année dernière. Du coup, nous nous installons au
balcon de la Cigale, par égards envers sa petite taille et son manque de
résistance. Et du coup, je vais vivre un concert assis, ce qui ne m'est pas
arrivé depuis longtemps, et je vais pouvoir observer tranquillement le public
qui remplit la Cigale (tiens, il y a Sliimy qui est là dans la fosse, il signe
des autographes, se fait prendre en photo,... Donc j'immortalise moi aussi les
15 minutes de gloire de notre Mika stéphanois...).
21 h 07 - le drap blanc tendu en travers de la scène, Lily
Allen et son groupe ont attaqué avec Every one at it :
lumières spectaculaires, son impeccable, Lily avec pas mal de kilos en moins,
les cheveux courts, un short en jean et des bas résilles, Oh
My God imparable, est vite avorté au sein d'un medley chaloupé. Oui, Lily
est sur la route pour devenir une star, et si son show est aujourd'hui bien plus
impressionnant que celui du Bataclan, je me sens un peu triste devant la jeune
femme formatée qui chante en s'aidant d'un prompteur - déguisé en retour - placé
devant elle (trop compliquées, tes paroles, Lily ? C'est pourtant toi qui les a
écrites, non ?). Heureusement, il y a les intermèdes entre les chansons, où Lily
est à nouveau elle-même, rougissante, bégayante, avec son rire idiot de fille
pas très fûtée, et là, d'un seul coup, on l'adore à nouveau, notre Lily... Elle
boit des verres de vin blanc, d'ailleurs son verre est toujours vide, il faut
qu'elle râle pour qu'on lui remplisse. Elle fume aussi, notre chère Lily, et à
chaque fois qu'elle allume une clope, il y a des gens dans la salle pour la huer
(parenthèse, histoire de râler un coup : qu'est donc devenu notre monde, quand
un artiste rock se fait réprimander par son public lorsqu'il allume une
cigarette ? Est-ce que, quelque part, ça ne donne pas des envies de suicide, ce
monde-là ?)... et son groupe ont attaqué avec et grimpée sur
d'interminables talons aiguilles... On est loin du spectacle un peu approximatif
de la fille boulotte et rigolote d'il y a deux ans : Lily évolue dans une classe
différente, désormais, un peu loin du traditionnel ska-punk cher à parrain Joe
Strummer. Pour tout dire, elle a un oeil sur les hit parades mondiaux de la pop
synthétique qui se vend si bien sur toute la planète. La Lily Allen de 2009 est
donc super-sexy, et elle chante vraiment très bien - il est loin aussi le temps
des approximations touchantes de "Alright, Still". Plus de reprise des Specials,
de Blondie, et même le traditionnel hommage aux copains Kaiser Chiefs, ce
Ce soir, en soixante-dix minutes, Lily Allen va nous
jouer l'intégralité de son second album, que je n'aime pas beaucoup(de la pop
sucrée écœurante, lisse et atone, seulement rehaussée par des textes brillants)
et va complètement - ou presque - ignorer son chef d'œuvre de premier album, ce
diamant brut qu'elle estime visiblement avoir dépassé : n'en resteront de
notable qu'une version fade et tronquée de LDN et un Smile
élégant en rappel. Je dois dire que ça me pose un vrai problème, même si, comme
tout le monde dans la salle, j'apprécierai l'enchaînement fumant à la fin de
Not Fair (texte remarquablement "frontal" sur la tristesse d'avoir un
mec qui ne sait pas vous faire jouir) et la provoc' géniale de Fuck You
(toute la salle danse en faisant des doigts d'honneur... mémorable !). Le rappel
sera donc, logiquement, le point d'orgue de la soirée, avec, outre
Smile déjà mentionné, l'imparable The fear avec sa charge au
vitriol contre la "société du spectacle", et un final (enfin) vraiment rock avec
une reprise rentre-dedans du Womanizer de Britney Spears (c'est Sophie
qui m'a soufflé le titre, je fréquente assez peu moi-même Britney Spears...).
Jolie fin donc pour une soirée à la fois parfaitement maîtrisée et
indiscutablement décevante (j'aime de moins en moins l'évolution très
commerciale de Lily). On pourra jaser sur une artiste qui doit, pour couronner
son spectacle, emprunter un titre à Britney Spears, mais le plus ennuyeux pour
moi, c'est bien le grand écart entre ce mauvais esprit rageur et tellement
anglais dont Lily Allen fait preuve dans ses chroniques "londoniennes" et
l'aspect de plus en plus inoffensif de sa musique. Cela s'appelle un
dilemme.
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