Yeah Yeah Yeahs au Bataclan le Jeudi 30 Avril
Je dois dire que j'aime bien aller à un concert "sans pression", c'est-à-dire
sans aucune attente particulière, sans enjeu, comme s'il ne s'agissait pas de la
chose de la plus importante de la planète (le rock'n'roll, qui définit plus ou
moins nos vies, non ?), mais d'un simple divertissement anodin. Bref, je me suis
pointé au Bataclan sold out pour les Yeah Yeah Yeahs tout-à-fait décontracté, un
peu comme d'aucuns vont voir une pièce de théâtre de boulevard, ou d'autres un
film avec Audrey Toutou ou Dany Boon, le genre. Il faut dire que Yeah Yeah
Yeahs, passé un premier disque ébouriffant, n'a pas fait grand chose pour nous
intéresser, et les commentaires sur le nouvel album sont tellement tiédasses que
je me suis mis à bâiller simplement à regarder la pochette sur Amazon, ce qui
fait que je n'ai pas cliqué sur "ajouter à votre panier"...
Bon, le
printemps est là sur le boulevard, les (jeunes) spectateurs et -trices sont
remuants comme il faut, et notre petite bande à géométrie variable de bonne
humeur, alors que les vannes volent bas sur les goûts musicaux des uns et des
autres.
J'aimais bien Karen O à ses débuts, en 2003, quand
elle avait cette espèce de crudité assez sale de hardeuse, ces gestes
incontrôlés et souvent grotesques qui allaient si bien avec les brisures
électriques de la musique des Yeah Yeah Yeahs, et je me rends
compte que je suis finalement assez curieux de voir comment elle a... mûri. Son
entrée en scène est assez jolie, car dans le noir - qui prédominera largement
sur scène (sous le regard d'un globe oculaire illuminé qui se transformera en
lune, puis en globe terrestre...) -, Karen s'est entourée la tête, visage
compris, d'une sorte de tube fluorescent rose du plus bel effet. Ce sera
malheureusement la seule occasion de la soirée de "voyager" un peu (propos
judicieux entendu sur le quai du métro Oberkampf à la sortie...), car pour le
reste, le professionnalisme venu aux Yeah Yeah Yeahs, Karen s'est révélé ce
qu'elle a sans doute toujours été : une nana assez quelconque, frôlant
régulièrement la laideur même, ne sachant ni bouger ni même mimer la moindre
excitation rock'n'rollienne. Reste à admirer l'inventivité - assez plouc quand
même - de ses fameuses tenues, en fait plutôt drôles à force d'être moches. Mais
bon, la musique, me
direz-vous ? La musique ? Bof, on a oscillé ce soir entre
morceaux planants insignifiants virant hard (heureusement, beaucoup moins de synthétiseurs que sur l'album, paraît-il...), petites pointes aiguës d'excitation
- surtout les deux dernières minutes du rappel au bout d'une courte heure qui
m'a paru, avouons-le, bien plus longue -, et plages interminables que l'on
qualifiera gentiment d'insignifiantes. Bref, Yeah Yeah Yeahs est un groupe qui,
passé la hype de sa découverte, n'a pas grand chose à nous proposer, en dehors
du look de ses musiciens : Nick le guitariste à jamais nostalgique de Jesus
& Mary Chain (on le comprend), et Brian l'archétype du new yorkais
sympathique / slacker à la batterie (plus un musicien additionnel apportant un
peu de force et de profondeur à certains moments...). Ajoutons que les lumières
étaient conçues pour empêcher les photos (c'était de bonne guerre, c'est Nick
qui a pris des photos de nous !), que le son était bon mais insuffisant, bien en
dessous en tout cas du niveau du premier groupe, et que les canons à confetti
(en forme de "Y", classe !)ont abondamment
essayé de conférer un air festif à un
concert qui n'avait rien de festif, justement... Et que la soirée m'a été
partiellement gâchée par une Américaine qui a tapé l'incruste au premier rang
sans aucune vergogne, en faisant croire au videur qu'elle allait s'évanouir au
milieu du public, et qui n'a pas arrêté ensuite de jacasser. Bon, on sait que
c'est ça aussi, "l'enfer des concerts", cette occasion toujours renouvelée de
constater la médiocrité de l'humanité : comme quoi, je le répète, le
rock'n'roll, c'est bien la meilleure leçon de vie qui soit ! Ouais Ouais Ouais
!"
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