Séance de rattrapage : "The president's Last Bang" de IM Sang Soo
Merveille formaliste, à égale distance entre Scorsese, pour la crudité du regard sur un univers profondément corrompu, et de Coppola, pour une indéniable élégance opératique, "The President's Last Bang" est aussi une réussite théorique tout-à-fait surprenante : en réduisant, avec un sens du grotesque bien coréen, un événement politique majeur (l'assassinat d'un dictateur, moment-clé qui changera le destin d'un pays) à un ballet de mouvements dérisoires, d'actes à demi manqués et de conspirations idiotes et informes, IM Sang-Soo réalise un cruel manifeste contestataire (voir les larmes stupides d'un peuple aux funérailles d'un tyran infantile, en triste conclusion) aussi bien qu'un pamphlet quasi nihiliste (quelle foi en l'humanité peut-on en tirer ?). Reste que ce film indéniablement majeur, par le radicalisme même de son approche, prive le spectateur, frustré, de la moindre empathie avec des personnages crus et des situations délétères. Un film à déguster avec la tête seulement, donc.