Redécouvrir Douglas Sirk : "Tout ce que le Ciel Permet"
A force de s'accrocher au cliché que Sirk est "le roi du
mélodrame", on se trouve légèrement désarçonné par le modernisme et la cruauté
de ce "Tout ce que le Ciel Permet", qui analyse froidement le conformisme d'une
société qui refuse aux femmes de plus de 40 ans le droit à une sexualité hors du
mariage et des conventions, et qui montre que les enfants peuvent être les pires
assassins de leurs parents. Du coup, ce film, lourdement sexué mais tout en non-dit (censure oblige),
malgré son raffinement esthétique (ah ces plans de feuillages d'automne !) et la
suavité apparente de ses personnages, laissera le souvenir d'une analyse assez
implacable de toutes nos lâchetés face à nos propres pulsions comme à celle de
nos proches. Alors, c'est vrai que les dernières minutes du film sacrifient aux
codes du grand mélo hollywoodien, mais le mal est fait : nous savons que Sirk
est avant tout un grand moderne.