"Angel" de Lubitsch - fascinante curiosité...
"Angel" est une fascinante curiosité, qui nous offre la "Lubitsch's touch" dans toute sa magnifique intelligence, mais une "Lubitsch touch" à l'oeuvre sur un territoire plus indécis, voire théorique, à l'intersection exacte entre comédie (quelques dialogues brillants), mélodrame (Marlene resplendit, divisée - plus que déchirée, quand même, entre deux hommes également séduisants et aimés), et réflexion sur le conflit entre mariage et désir. Loin des lieux communs du genre - on peut toujours compter sur le génie aigu de Lubitsch pour rendre nouvelle, pertinente, voire acérée, la moindre scène - à moins qu'il ne l'escamote, tout simplement, dans l'une de ces stupéfiantes ellipses dont il a le secret -, Lubitsch nous livre un chef d'oeuvre inconfortable, qui voit peu à peu le chaos des sentiments s'éteindre sous le glacis de la raison (on a le droit de conclure que Lubitsch pense que, pour être heureuse, toute femme se doit d'avoir et mari et amant...). Voici donc un film moderne, impressionnant de richesse et de complexité.