Of Montreal à l'Elysée Montmartre le mercredi 15 octobre
Il y a des
jours où tout va mal, entre le boulot prise de tête, l'avion qui atterrit au
mauvais terminal et 1 h 30 d'embouteillages pour arriver enfin à l'Elysée
Montmartre, à 20 h 30 : pas sûr que le "mood" soit aux excès de "gaudriole" de
Kevin Barnes. Sans oublier la sensation étrange de ne pas être au tout premier
rang avec les potes, mais avec ce léger "recul" par rapport à l'action que
procure le fait d'être placé à quelques mètres en retrait de la scène - oh rien
de grave, mais l'impression n'est plus exactement la même...
On nous a
annoncé dans la presse un Of Montreal sensiblement plus expérimental, tordu,
voire largement déjanté, mais le souvenir de l'assez extraordinaire concert
(glam rock et kraut rock) de la Maro nous laisse encore espérer qu'il ne
s'agisse là que de délires de journalistes en mal de sensations pour vendre
leurs torchons ("ah ouais, dis, il paraît que Kevin Barnes est entré sur scène à
New York en slip sur un cheval blanc !" "Noooon ?"). Et puis, si, tout compte
fait, Kevin Barnes a bien effectué un virage à angle droit après "Hissing
Fauna...", et a visiblement décidé de sacrifier sa popularité naissante sur
l'autel de ses délires. Nous aurons donc droit ce soir à une heure et demi de
concert / spectacle quasi indescriptible, entre petit théâtre kitsch qui fleure
bon l'Amérique profonde en pleine transgression (les faunes nus qui se font une
orgie de fruits, une sorte de sommet quand même !) et - trop rares - stridences
qui rappellent quand même combien Of Montreal pourrait un grand groupe
(excitant) si Kevin Barnes en avait envie, et arrêtait de jouer à touche pipi.
Pour tout dire, certains d'entre nous (Robert ?...) se sont ennuyés pendant les
longs délires instrumentaux qui rappellent largement Frank Zappa en pleine
période sous acide, d'autres (Clément ?...) se sont réjouis d'assister à quelque
chose d'aussi radicalement différent, hors mode, j'men foutiste et pourtant
appliqué à la fois (... car, vu de près, Kevin Barnes est tout sauf déjanté, il
est au contraire extrêmement concentré sur son "oeuvre", sans une ombre de
second degré ! Qui a dit malheureusement ?). Moi, soudainement de bonne humeur,
j'ai adoré la séance chez le coiffeur - on coupe des mèches à un roadie, on les
lèche, puis on les distribue aux premiers rangs... pour qu'ils fassent pareil
?), et aussi les apparitions surexcitées des spectres noirs, comme une
indication un peu superfétatoire que, maintenant, pendant au moins deux minutes
trente, ça allait être rock'n'roll. Car, je l'ai dit, Of Montreal sait être
rock'n'roll : preuve en est un morceau terrassant, tout de furie électrique,
joué en début de set, qui m'a laissé tout frissonnant, tout
ému...
Mis à part quelques éclairs donc, qu'on me permettra d'avoir trouvés trop rares (un beau passage avec quatre (4 !) guitares déchaînées, la puissance de frappe lorsque les deux batteurs cognaient de concert, mais aussi, pour détendre l'atmosphère et faire plaisir aux filles hurlantes un peu partout dans la salle, une poignée de morceaux funs / funkys entre Prince et Scissor Sisters...), la musique que joue actuellement Of Montreal sur scène, c'est à dire l'intégralité de son dernier album (je le sais, je l'ai acheté à la fin au stand de merchandising et l'ai écouté en rentrant en voiture) est une sorte de symphonie continue constituée de fragments baroques, assemblés envers et contre toute logique, alternant le génial et le pénible, le céleste et le grotesque. On se serait crus revenus aux années 70, quelque part entre les grands happenings conceptuels post-hippies et le prog rock qui croyait au théâtre comme renouvellement et prolongement de la musique. Bref, un truc assez dingue quand même, souvent indescriptible dans son aspect foutoir sans queue ni tête, qui reste malheureusement un tantinet trop contrôlé pour pouvoir basculer dans une véritable folie, qui fasse oublier cette naïveté qui transparaît régulièrement derrière ces mises en scène outrancières.
Au final, j'ai
forcément regretté - comme une grande partie du public, je suppose - que les
superbes chansons de "Hissing Fauna" aient été aussi rares, jusqu'à ce que Kevin
Barnes, en guise de dernier rappel non programmé, nous fasse généreusement
cadeau d'une version inattendue de "Smells Like Teen Spirit", à la fois fidèle
au nihilisme Cobainien et presque grandie par la munificence de l'interprétation
un tantinet lyrique (deux batteries donc, et trois guitares, ça décapait !). On
s'est donc retrouvés un peu cons, quand les lumières se sont rallumées, guère
capables de savoir à quoi véritablement on avait assisté ce
soir...
PS : Kevin, j'ai été déçu encore une fois ce soir, tu as encore gardé ton slip. Il faut que tu saches que tes fans français sont frustrés de n'avoir pas pu admirer ton anatomie, que la légende veut que tu dévoiles régulièrement aux States. Allez, laisse-toi un peu plus aller, la prochaine fois !
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