"Brésil" de John Updike
J'ai toujours eu envie de lire Updike, et commencer par un livre traversant (en un aller et retour systématique) d'Est en Ouest le pays que j'aime me paraissait une bonne idée (mêlée d'un peu de crainte, quand même, car qu'est-ce qu'un Américain peut comprendre au Brésil ?). Sur ce point-là, pas de déception : si "Brésil" se termine quelques années avant ma propre découverte du pays, il est parcouru d'une justesse essentielle dans sa description des lieux comme des gens, qui m'a évidemment ravi au plus point. Et Updike, alors ? J'ai d'abord été surpris de son style, qui s'apparente ici à un classicisme presque désuet, supportant une narration anti-psychologique qui perpétue une certaine tradition de la chanson de gestes, ou du conte (on peut penser à Garcia Marquez, sans le génie brûlant). Le paradoxe fascinant de "Brésil", c'est qu'il semble finalement à avoir peu de choses à nous dire, sinon nous conter une histoire d'amour "mythologique", et la ramener régulièrement à la trivialité la plus quotidienne. Oscillant - ce qui déroute, avouons-le - entre réalisme terre-à-terre (pour moi le meilleur du livre) et onirisme symbolique (désuet et irritant, surtout lorsqu'Updike opère un glissement temporel et plonge ses héros dans le XIXè siècle des bandeirantes), "Brésil" est au final un livre aussi brillant que curieusement creux.