The Fratellis au Trabendo le mercredi 2 juillet
Jon Fratelli est un sex symbol : ce soir le
Trabendo est plein, disons à 80%, de minettes littéralement en chaleur, qui
crient des mots d'amour et essaient à toute force de toucher ce grand garçon
apparemment assez timide, réfugié dans une demi-pénombre qui ne facilite pas les
photos, mais doit encore plus exciter les hormones féminines. Si l'on ajoute une
bande de garçons excités au premier rang qui déroulent sur la scène le drapeau
écossais et se prosternent dessus comme le musulman moyen face à la Mecque,
disons qu'on obtient pour ce second passage de The Fratellis à Paris une
ambiance particulière, mélange de dévotion et de second degré, à laquelle Gilles
B et moi ne nous attendions pas vraiment !
Jon Fratelli a (apparemment) perdu quelques kilos,
et abandonné sa coiffure "fantaisiste" pour adopter un look, disons... Jimmy
Page circa 75, qui va bien avec l'étonnant retour en arrière musical opéré par
The Fratellis sur leur second album - que je trouve personnellement assez moyen
- vers un rock 70's, entre voix très Dylanienne et rock lourd hésitant entre Led
Zep et... Status Quo : quand il entre en scène, je mets quelques instants avant
de le reconnaître, et il me faut les premiers accords de "Mistress Mabel" pour
me persuader que ce sont bien les Fratellis sur scène ! Gilles B et moi sommes
placés - inhabituellement - très sur la gauche, le public juvénile et en
vacances ayant fait ce soir la queue très tôt pour pouvoir toucher son idole,
mais il s'avèrera que cette position sera assez idéale, tant pour la vue - nous
sommes juste à gauche de Jon - l'ouïe - son impeccable, avec la voix de Jon bien
distincte, ce qui n'est pas toujours le cas au Trabendo -, et le confort
physique - au milieu, c'est la transe chez les amoureuses et amoureux de Jon...
Le virage early 70's de la musique des Fratellis est, je le disais,
immédiatement sensible, tant dans le look et l'attitude des musiciens que dans
le traitement musical des chansons du premier album, largement méconnaissables,
loin de leur racines glam-rock et pop : Gilles B passera d'ailleurs la dernière
partie à regretter que le groupe ne joue pas "Henrietta", alors que c'était le
cinquième morceau de la set list. N'étant pas quant à moi nostalgique de cette
période particulière de l'histoire du rock - mon adolescence, pourtant -, je ne
ressens pas beaucoup de plaisir à ce flashback imposé, même si je comprends
l'extase d'un jeune public qui semble par moments revivre par procuration
l'extase de ces années que nous qualifieront de "mythiques" (hein, Vincent ?).
Le groupe mouline, Jon ponctue chaque morceau d'un petit solo brûlant - dont on
sent qu'il ne demande qu'à se développer..., le groupe bastonne (batteur lourd
et énervé) les riffs sans s'attacher aux mélodies, d'ailleurs beaucoup plus
quelconques sur le second album, le son est épaissi par l'apport d'un quatrième
musicien (Will, d'après la set list) aux claviers et à la (seconde) guitare.
"Tell me a Lie" fait son petit effet, sorte de citation des White Stripes citant
Led Zep, si vous voyez ce que je veux dire, mais je dois avouer que, hormis le
plaisir de voir un public aussi enthousiaste et sincère autour de moi (et
féminin, ce qui est un bonheur, il ne faut pas le cacher..), je m'ennuie un peu.
Et puis vient l'enchaînement magique, "My Friend John" et sa mélodie
irrésistible à tiroirs, et "Chelsea Dagger" avec sa merveilleuse intro, et ce
seront pour moi une dizaine de minutes un peu intenses, qui font remonter le
niveau général de la soirée. Las ! le concert retombe ensuite, jusqu'au final
(avant le rappel) de "Milk and Money", quand même joliment lyrique et
excitant.
Long rappel de quatre titres, qui commence par un
excellent "Baby Doll" semi acoustique, avec ces intonations semi-dylaniennes de
Jon, et finit par un "Baby Fratelli" lui non plus plus très glam, malgré ses
"... alright" aux accents sladiens. Voilà, c'est fini, après 1 h 20 d'un rock
quand même assez loin de ma sensibilité musicale personnelle : même si je dois
reconnaître qu'il n'y a rien de particulier à reprocher aux Fratellis, il me
semble qu'il manque au groupe cette étincelle qui fait la différence entre les
simples "bons" groupes et ceux qui deviennent vraiment exceptionnels. Mais ce
n'était visiblement pas l'avis des centaines de jeunes filles énamourées qui
nous entouraient, Gilles et moi, ce soir !
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