"Slam" de Nick Hornby
Que peut donc nous enseigner un "roman d'apprentissage", genre auquel
se rattache ce "Slam" d'un Nick Hornby toujours aussi précis et touchant
(un peu moins hilarant, peut-être, mais le sujet se prêtait-il à son habituel humour absurde ?), alors que nous avons largement passé l'âge du
héros (15 ans !) ? Bien sûr, chacun d'entre nous trouvera dans l'enfer vécu
par Sam entre sa culpabilité de fils non désiré et son destin inévitable de
père précoce, des échos à sa propre situation émotionnelle et familiale
: comment être un bon père (une bonne mère) et un bon fils (une bonne
fille) ? Quels compromis faire entre futur et présent ? A-t-on le droit
d'appeler son bébé Coldplay Jones sous prétexte que l'accouchement a eu lieu
sur la musique du groupe ? etc. etc. Et Hornby a le chic pour nous faire
vibrer, rire, trembler, ce qui fait qu'on dévorera "Slam" en quelques
heures. Pourtant, clairement, non, Hornby ne réussit pas à transcender son
sujet pour offrir une vraie leçon de vie, qui serait sans doute le propre
d'un vrai grand écrivain, et son astucieux recours au surnaturel pour
enrichir son récit d'une sorte de double perspective (ou comment une
situation change suivant le degré de connaissance et de compréhension de
celui qui l'observe ou la vit) est par trop artificiel pour ne pas nous
faire décrocher : quelque part, on a dépassé le stade de la croyance,
sans atteindre celui de la fable.
PS: A date, le chef d'oeuvre absolu
de Nick Hornby reste donc "31 songs", qui est aussi l'un des plus beaux
livres jamais écrits sur le rock, malheureusement pour les non-anglophones,
non traduit en français.