Séance de rattrapage : "Changement d'Adresse" de Emmanuel Mouret
Emmanuel Mouret s'est donc inventé en émule de Rohmer, moins travaillé par la philosophie que par la mécanique du burlesque - héritage d'un certain Woody Allen, la brillance des textes en moins ? Et ça fait du bien de trouver dans notre lourdingue cinéma national, généralement incapable de faire rire (manque de rythme, sacrifice de la subtilité au service du rire immédiat), un film comme "Changement d'Adresse", certes pas totalement réussi - des longueurs au milieu du film, avant un final parfaitement réjouissant : disons que, malgré les ellipses, le modèle Lubitschien est encore loin, mais c'est au moins réconfortant qu'un jeune cinéaste français s'y intéresse ! Bien sûr, il faut un peu une âme de midinette pour frémir devant les tourments amoureux de notre gros empoté de héros, et Mouret gagnerait sans doute à troquer cette légère mélancolie un peu convenue qui imprègne son film contre un tantinet de vraie méchanceté. En tous cas, voici un réalisateur doué, que je découvre bien tardivement. A suivre...