Séance de rattrapage : "SuperGrave" de Greg Mottola
Film le plus encensé de "l'école" Judd Apatow - la relève du cinéma comique, même si la génération précédente n'a pas dit son dernier mot -, "SuperGrave" reprend le même schéma dévastateur de "40 ans toujours puceau" et, dans une moindre mesure, "En Cloque Mode d'Emploi" : des dialogues aussi crus que cruels débités à la mitraillette, une vision ultra-réaliste, finalement peu fictionalisée, de l'Amérique blanche moyenne en proie avec ses démons, comme avec les difficultés les plus triviales de la vie quotidienne. D'où l'effet de sidération comique - porté ici à son paroxysme avec le duo de flics hystériques et déjantés (on n'oubliera pas de sitôt le dialogue, très Tarantino-trash, sur le sperme), doublé d'une sorte d'accablement horrifié devant la tristesse de ces vies médiocres, où l'incapacité permanente d'agir au sein d'une société follement répressive et codifiée se double d'une vraie difficulté à communiquer par delà les clichés. Avec son happy end un peu triste, cette comédie hilarante laisse un goût de cendres.