The Fleshtones à la Locomotive le 12 mai
Ce qui est sympa avec les groupes "garage" (raccourci facile, mais que
nous emprunterons néanmoins), c'est que le bon esprit règne partout, dans la
salle, sur la scène, avant, pendant et après le set. Milhizer, Streng - tous
deux inchangés ou presque depuis les concerts "mythiques' (si si !) du Palace de
82 et 83 - viennent régulièrement se mêler aux spectateurs pour regarder les
groupes qui les précèdent, Zaremba discute avec les fans - tous d'un certain
âge, il faut bien le reconnaître -, se ballade pendant les derniers réglages
(l'orgue semble donner quelques inquiétudes...). La Locomotive ne semble pas
très remplie, mais il va s'avérer très vite que la configuration public-salle
sera tout-à-fait optimale ce soir : suffisamment de gens pour l'ambiance, pas
trop pour empêcher nos amis les Fleshtones de faire leur show "total" qui, comme
on le sait (?), se déroule en grande partie dans la salle...
Depuis leur entrée
en scène en traversant le public jusqu'à leur final, une heure quinze plus tard,
en retraversant la salle (après avoir joué un morceau en "acoustique" dans
l'entrée - pas de sortie dans la rue ce soir !), les Fleshtones passeront une
bonne partie de leur temps à monter et descendre de scène, à aller se coltiner
physiquement avec leurs fans (certains d'ailleurs assez gratinés, mais je suppose
qu'il est normal qu'un groupe aussi "festif" draine son lot d'excités et
d'allumés en tous genres) : non seulement le guitariste Keith Streng fera
d'incessant allers et retours sans cesser de jouer (miracle des petits
transmetteurs qui confèrent aux musiciens une liberté totale), mais surtout
Zaremba organisera les happenings les plus délirants avec ses fans, qu'il traite
d'ailleurs avec la joyeuse brutalité qui prévaut en général en francs camarades.
C'est ainsi qu'on verra, outre le traditionnel envahissement de la scène par
quelques spectateurs, les musiciens mettre en scène leur propre remplacement au
pied levé par des gens désignés dans la salle (ce qui leur permet à eux aussi de
voir "The Fleshtones" depuis la fosse !), et surtout un hilarant concours de
pompes
entre Zaremba et un spectateur. Bref, on l'aura compris, les Fleshtones
ne sont pas devenus tristes et sérieux avec l'âge, et ils paraissent même
physiquement en pleine forme, avec leurs rituels incessants, hilarants et
photogéniques : chorégraphies simultanées, poses rock'n'rolliennes, escalades de
la batterie, défilés "bon enfants" en chantant La La La, rien n'a changé depuis
25 ans, mais tout reste pourtant spontané, frais, réjouissant. Les Fleshtones
ont à la fois le Rock'n'Roll et le spectacle dans le sang, au point que l'on
s'étonne même encore de cette énergie, de cette joie de vivre, de cette
gentillesse finalement.
Et la musique ? Bon, admettons-le, la musique n'a
jamais été le point le plus marquant des Fleshtones, immense groupe de scène
(l'un des meilleurs ayant jamais existé ? On le disait dans les années 80...)
mais véritable nain discographique : du rock'n'roll garage, dansant, énergique,
agressif parfois (mais trop), gai toujours. Avec des riffs éternels, évidents,
des mélodies simples à chanter en choeur même quand c'est la première fois qu'on
les entend. Pour moi, le moment magique a été "Way Down South", chanté de sa
voix hilarante de crécelle par Keith Streng, le plus sympathique de la bande,
d'abord parce qu'il s'agissait de l'un des 5 ou 6 morceaux que je connaissais /
que j'ai reconnu, mais surtout parce que c'est la chanson qui a mis le feu au
show ce soir, au bout d'une vingtaine de minutes : avant, on était à un concert
de rock, après on était à un concert DES FLESHTONES !!!! Après, le délire ne
s'est plus arrêté, et la musique n'avait plus autant d'importance.
Lorsqu'à minuit et quart, il a été temps d'arrêter
les frais, nous nous sentions tous avec une bonne vingtaine d'années de moins,
ce qui n'est pas rien, non ? Gilles B et moi sommes aller échanger quelques mots
avec Zaremba qui signait des autographes au stand de merchandising, pour lui
rappeler le souvenir des débuts parisiens au Palace (le bougre se rappelait
encore de la première partie des Dogs !), avant de sortir respirer l'air doux de
la nuit de Pigalle. Sha La La La ! Sha La La la ! (qu'y a-t-il d'autre à ajouter
après ça ?).
Comme toujours, l'intégralité de mon compte rendu se trouve sur le blog des R'n'R Motherf***s !