Le 3 Juin 2005, R.E.M. sublime sous la pluie...
Jusque là, il s'agissait d'un concert ordinaire de R.E.M., groupe merveilleux légèrement assoupi au sommet de son triomphe planétaire. Et, sur "Electrolite", des torrents d'eau s'abattent sur le festival Rock Am Ring, noyant non seulement le public mais, c'est moins fréquent, la scène et les musiciens, qui continuent à jouer. Le maquillage conséquent de Michael Stipe se met à dégouliner, et la tristesse de la chanson se matérialise littéralement en larmes de peinture bleue. "Orange Crush" : l'anathème vengeur contre toutes les guerres américaines est d'un coup transcendé par un plan cruel d'un caméraman sur les godillots pailletés de Stipe pataugeant dans des flaques qui sont devenues des mares, et le front man de R.E.M., dans son costume alourdi par la pluie, ressemble à une mouette mazoutée sur une plage de l'Erika. "The One I Love", une étrange exaltation a gagné la foule et les musiciens, on est entrés dans un concert légendaire, la musique, d'ordinaire déjà magnifique de R.E.M., acquiert une tonalité désespérée et élégiaque, qui la pousse vers le sublime. Impossible de ne pas être à la fois bouleversés et enthousiasmés. Ce soir, pendant une petite demi-heure au moins, R.E.M. a été à nouveau le plus grand groupe de Rock de la planète, mais surtout, surtout, on a ressenti à quel point la musique pouvait encore être une part essentielle de notre perception du monde comme de nous mêmes.
La vidéo, pour une fois remarquablement filmée, de ce concert qu'on devrait qualifier de "mythique" est trouvable, pour les plus malins d'entre vous, sur le Net.