Goldfrapp au Casino de Paris le 16 avril
Lorsque, après une trop longue souffrance sur des
morceaux de musique folklorique de Syldavie et de chants des chevaliers de la
table ronde avinés (on espère très fort que ce n'est pas Alison Goldfrapp qui a
choisi le fond sonore pour l'entracte !), vers 20 h 50, "la secte de Goldfrapp"
entre en scène, devant un décor à la fois chic et paysan (un fond de scène
constitué d'entrelacs de joncs ou assimilés, sur lequel les lumières et les
images projetées seront du plus bel effet), j'avoue que je ne suis pas
impressionné. Les copains m'avaient laissé miroiter une égérie disco-pop en
short moulant, j'ai droit à une bande de babs barbus et tout de blanc vêtus (le
guitariste / violoniste etc. est en short, la harpiste semble sortir tout droit
d'une pub pour le Caprice des Dieux avec des angelots blonds devant des nuages
en coton, la claviériste devant nous porte des sabots blancs qui rappellent nos
douloureuses expériences vestimentaires du début des seventies...), menée par
une nymphette blonde habillée comme un page dans une production hollywoodienne
sous acide ! Bon, le dernier album de Goldfrapp avait représenté un rude
changement avec les deux précédents opus de disco-glam rock, et j'étais toujours
en train de débattre avec moi-même pour décider si je le trouvais beau (quelques
chansons faramineuses, essentielles peut-être même, du même calibre que les
bijoux de "Felt Mountain") ou ennuyeux (une incroyable uniformité dans ses
tempos "laid back" et ses arrangements cinématographiques). Et "Seventh Tree" va
être au centre du concert ce soir, puisque ses 10 titres seront TOUS joués, et
qu'il ne restera plus que quelques rares extraits des albums précédents, dont le
sublime "Paper Bag" en intro, malheureusement passé à la moulinette "Seventh
Tree", donc largement aseptisé, "Strict Machine" (pas sur la set list ?) en
premier cadeau pour lancer la machine disco au bout de plus de 30 minutes et
nous réveiller un peu, "Oh La La", incontournable, mais dans une version
qu'Alison présentera elle-même comme "hillbilly", assez amusante en
fait...
Je dois dire que se placer au premier rang a été ce
soir une sage décision, même pour un concert aussi calme, car nous avons pu
"vivre" cette musique au plus près d'Alison (je ne parlerai pas de ses
musiciens, insipides et sans visage, qui ont quand même tissé un beau fond
sonore, presque parfait - seul le batteur ne m'a paru pas très fin - à la voix
régulièrement magique d'Alison), profiter de sa concentration, de ses efforts
pour aller toujours vers une certaine perfection de l'expression vocale, sur des
morceaux qui ne reposent finalement que sur la délicatesse de son chant. Je dois
avouer aussi que, finalement, cette petite Anglaise au visage de poupée caché
derrière ses boucles blondes, avait l'air vraiment heureuse de l'accueil
chaleureux reçu (un peu excessif pour un concert aussi formatté, me direz-vous,
mais qu'importe !) et du bonheur tranquille qui a fini peu à peu par se dégager
de ce set largement "planant" et atmosphérique. Il y avait quelque chose de
vraiment touchant et gracieux qui a fini par naître d'Alison Goldfrapp ce soir,
et qui fait que je n'ai pas partagé au final la déception de mes camarades du
balcon, qui n'ont sans doute perçu du concert que la difficile uniformité
d'ambiances trop policées. Pour moi, deux chansons pop aussi franchement et
joliment psychédéliques que "Little Bird" (et ses "July... July..." envoûtants)
et surtout "Happiness", magnifique mélodie qui m'a rappelé les chefs d'oeuvre
bucoliques du XTC de "Skylarking", ont pleinement justifié ma présence ce
soir.
(L'intégralité de ce compte-rendu est disponible, comme toujours, sur le magnifique blog des Rock'n'Roll Motherf***s)