Kate Nash à la Cigale le lundi 31 mars
On commence par se regarder, avec Gilles B et Sophie, puis littéralement à halluciner quand les roadies installent le piano de Kate Nash... face au public, cachant la chanteuse à une bonne partie du premier rang, et condamnant donc une bonne dizaine de malheureux qui avaient fait la queue depuis cinq heures de l'après-midi à se reculer pour espérer voir quelque chose ! 21 h 15, heure programmée du début du set, passe, et on attend toujours, l'énervement monte, et c'est un peu après 21 h 30 que la scène s'illumine - avec un joli "Kate Nash" en lettres de néon violet accroché au fond de la scène - et que retentit une musique de Diana Ross & The Supremes... las ! il faut encore attendre plus ou moins la fin de la chanson pour que le groupe monte sur scène, très bizarrement logé au fond de celle-ci, laissant un vide inhabituel entre eux et le piano de la "diva". On attend encore, et Kate Nash finit par arriver : tout cela "sent" le show professionnel et assez prétentieux, loin de ce que l'on attend d'une jeune chanteuse presque débutante. Kate s'assied donc au piano, ce qui nous permet de constater que, même pour nous, la "vue" n'est pas optimale... Jeune femme rousse, assez jolie mais un peu lourde, Kate me frappe surtout par ses minauderies de post-adolescente pour le moins énervantes : grâce à l'énergie qu'elle déploie, ça passe encore, mais je sens qu'il ne va pas falloir qu'elle parle beaucoup sinon elle va me gonfler sévère, la Kate !
Dès la première chanson, "Pumpkin Soup", il y a un malaise : le son est tout simplement déplorable, avec une batterie éléphantesque qui couvre TOUS les autres instruments, y compris le piano et la voix de Kate ! Au bout de deux chansons, cela va s'ameliorer au niveau de la voix, mais pas au niveau du batteur, qui va s'employer à détruire systématiquement chaque morceau sur lequel il est intervient - c'est à dire presque tous... L'autre problème, peut-être pire d'ailleurs, c'est le traitement "bourrin" et speed qui est appliqué à la grande majorité de chansons, comme si Kate s'imaginait déjà jouant dans le Stade de France, et qu'elle fait bien en sorte que chacun, même au fond des gradins, "ressente" quelque chose : Kate, on est à la Cigale, ici, pas besoin de te prendre pour Madonna, de gesticuler et de demander à deux des abrutis de ton groupe de tâcherons de studio de venir frapper des cymbales et des percussions pour essayer de faire encore plus de bruit que ton batteur de heavy metal (les baguettes volent autour de nous !) ! Le pire, c'est que, dès la fin du premier morceau, martelé jusqu'à l'hystérie, il est clair que le public est ravi - les minettes hurlent ! Nous ne sommes que tous les trois, au premier rang, avec Sophie et Gilles, à afficher une mine interloquée, voire par moments consternée !
Le concert va donc se dérouler sans grand changement, dans un laminage insensé des chansons par cette rythmique de la mort et cette exagération systématique, qui fait que très rapidement, elles se ressemblent toutes : sous les coups assénés par le groupe, qui semble presque ricaner du fond de la scène (j'ai ressenti un drôle de malaise sur cette scène, une vague indifférence arrogante chez les musiciens, bien loin de l'esprit d'un groupe de rock), la minceur du talent de compositrice de Kate Nash semble comme mise à nu, et il ne reste plus que des squelettes de chansons peu gracieuses. A propos de squelette, justement, l'un de mes morceaux favoris sur l'album, "Skeleton Song" devient une véritable souffrance tant il est hâché, accéléré, sa mélodie détruite, dans une sorte de course dérisoire vers l'excitation du public (qui là encore, réagit, donc Kate a peut-être raison...).
Les meilleurs moments de ce triste concert seront quand Kate prend sa guitare, acoustique ou électrique, et qu'elle nous interprète quelques morceaux en quasi solo - enfin sans sa rythmique de l'enfer : on peut alors juger de la qualité de sa voix, comme du jeu assez plaisant de son guitariste, dans un style que nous qualifierons généreusement de "Johnny Marrien"... "Birds", "Nicest Thing" et une nouvelle chanson, "Seagulls", au texte facile (j'aime / j'aime pas) mais amusant, s'enchaînent ainsi avec une certaine grâce, montrant ce que ce concert aurait pu être, avec plus d'intelligence et de sensibilité. Mais quand Kate retourne au piano, le psychodrame reprend, jusqu'à un "Mariella" - une chanson que j'aime beaucoup - durant laquelle j'essaierai de secouer un peu l'abattement qui s'est emparé de moi, avec un peu de succès quand même.
Un rappel longuement attendu (encore
une fois, Kate Nash se la joue "rock star", ridicule !), qui débute bien avec
une bonne version électrique et à la batterie légère (ouf !) de ce qui me paraît
une nouvelle chanson, mais qui est vite massacré par une nouvelle interprétation
au marteau-piqueur de "Merry Happy", dont il ne reste pas grand chose après le
traitement qu'on lui aura infligé ! Kate hurle, frappe les touches de son piano
hystériquement, les gens sont contents, le concert se termine après une heure
dix environ : je sors de là passablement irrité par le contre-sens absolu de ce
concert, aussi loin de l'esprit "rock" que de la lettre de l'album aventureux et
parfois passionnant de Kate Nash.
(L'intégralité de mon compte-rendu peut être consulté sur le blog des Rock'n'Roll Motherf***s)