Gossip (avec The Kills) à l'Olympia le mardi 18 mars
Trash, Beth
Ditto a décidé de l'être ce soir : vêtue d'une robe jaune ignoble et de bas
résille déchirés, elle crache, pète (en faisant croire que c'est son guitariste
et qu'il pue... la classe !), se lèche les bouts des tétons, régurgite sa
bière,... bref, elle est assez pathétique, au point qu'on se demande pourquoi
elle a besoin de ce vilain trip "Sid Vicious", elle qui est avant tout une
"bonne fille" - on retrouve ce soir cette attention envers son public, son
service d'ordre, etc. tout ce qui fait d'elle une vraie femme, et pas une star
XXXXL. Musicalement, le set de ce soir sera assez semblable à celui de la
Cigale, malgré l'ajout sporadique d'un bassiste - un black vaguement perdu sur
scène, avec une jolie coupe afro... Rien qui réussisse à me faire changer d'avis
sur ce punk soul répétitif et un tantinet
fatiguant, plaisant mais jamais
vraiment excitant (surtout après les Kills !). Mais c'est clair que le spectacle
est surtout dans la salle, dans cette sorte d'adoration extraordinaire du public
envers cette icône improbable, qui me paraît finalement illustrer mieux que ses
pitoyables crachats tout l'esprit "punk" : la célébrité de Beth Gossip, c'est
encore une fois le rêve de 77 qui se réalise, le triomphe de musiciens sans
grand talent qui ne sacrifient rien de leur intégrité, à force d'énergie, de
singularité et de banalité à la fois... car aux USA, Beth Ditto, c'est un peu
madame tout le monde, obèse, inculte (elle a visiblement vu "la Môme", car elle
demandera à la fin au public de l'Olympia de lui chanter "la Vie en Rose", un
beau moment d'ailleurs que ce cadeau du public à son idole...). Voir Gossip sur
scène, c'est se laisser aller à de jolis moments d'euphorie générale, de
communion avec cette chanteuse improbable qui ne craint ni le ridicule ni le
danger. Le sommet d'un concert de Gossip, ce n'est pas "Standing in the Way of
Control" en rappel (grand moment quand même, avouons-le, que cette véritable
hymne / brûlot anti-Bush),
c'est l'offrande que Beth fait de son corps à son
public : en laissant les fans monter sur scène (le service d'ordre panique !),
et les filles lui rouler des patins, ou en entrant dans la fosse pour une
"immersion totale", vue sa taille. Cette fois, Gilles B, que je soupçonne de
s'être placé au centre juste pour ça, sera au coeur du maelstrom, ce qui me
permettra de l'immortaliser en photo alors que le chaos total règne autour de
lui (l'extraction finale de la Beth par le service d'ordre se révélant
particulièrement difficile ce soir...). Au final, 1 h 10 assez fun - Gossip est
un groupe qu'il faut voir au premier rang, pour bien ressentir la folie et
l'électricité entre Beth Ditto et son public -, qui ne changeront pas mon manque
d'enthousiasme pour la musique de Gossip.