The Kills (avec Gossip) à l'Olympia le mardi 18 mars
"Did you have a real good one ?" feulent les Kills... Pas sûr qu'on atteigne la
pleine jouissance sur leur musique, qui est avant tout une pétrifiante danse de
désir, une perpétuelle provocation sensuelle. Alison et Jamie fascinent
immédiatement, beaux et cruels, impérieux et timides. L'électricité ruisselle
littéralement de la scène, chaque riff de guitare sursaturé est comme un coup de
griffes, chaque beat est comme un coup de fouet. Alison est une superbe
panthère, tournant en rond dans la cage de son exaspération perpétuelle. Le son
est, bien entendu, parfait, chaque crachotement vous saisit au bas ventre et au
coeur en même temps. Oui, les Kills sont un rêve humide de rock'n'roll :
difficile d'ailleurs de penser qu'ils ne sont pas amants (et pourtant Gilles me
confirmera ensuite que, de là où il est placé, il voit Kate Moss en train
d'attendre son chéri...
Pas jalouse, la Kate ?) tant il se dégage de ce corps à
corps, de leurs regards brûlants une sensation d'accouplement perpétuellement
désiré, repoussé, parfois déchirant. Alors, au milieu de ce superbe ballet de
chats de gouttières, que manque-t-il ? Des chansons sans doute, qui ne soient
pas que des spectres décharnés vêtus de fragments de chair blême ou brûlée.
Cette absence de mélodie, de structure même dans la musique, réduite à un manège
absurdement beau de cris et de soupirs électriques, empêche donc le plaisir,
auquel on préfère ici la torture du désir. Ai-je dit que tout cela est
fondamentalement magnifique, et, comme toutes les passions non consommées, aussi
superficiel (poussières d'émotions déchirantes) qu'essentiel (la vie figurée
comme une danse rituelle). Et beaucoup trop court : 55 minutes. Maudissons ces
programmes trop chargés !