Séance de rattrapage - Bug (de William Friedkin)
En dépit de mon admiration pour Friedkin, l'un des maîtres du cinéma US il y a 30 ans (quand même !), et de son thème intéressant (la contamination de la peur dans la société américaine post 9-11), "Bug" m'a laissé plutôt froid et assez dubitatif : malgré le crescendo réussi dans l'horreur gore, un peu grand guignolesque, après une patiente installation du récit plutôt bien faite, le choix fait par Friedkin de respecter la théâtralité de son matériau (huis clos artificiel, structure en plusieurs actes sans indication claire du temps écoulé, acteurs plutôt dans la sur-expression) - qui, c'est vrai, peut être lu comme une mise en abyme et un recul honnête par rapport à la folie furieuse des personnages - empêche le film d'avoir l'impact mental, voire physique, que le même sujet aurait eu chez un Cronenberg (référence évidente, je sais !). L'impureté apportée au sein de ce projet très "conceptuel" par des effets très "cinéma" rappelle en outre que Friedkin a toujours souffert d'un complexe aigu de maîtrise et de manipulation de son public (souvenez-vous des images subliminales de "L'Exorciste"), et désamorce la crédibilité du principe du "happening", voire de "l'installation" - au sens de l'Art Moderne -, qui aurait pu créer un supplément bienvenu de sens.