"Save the cheerleader, save the world !" ("Heroes" Saison 1)
Annoncée comme un nouveau sommet de la série "conceptuelle" de la série TV moderne, "Heroes" déçoit à plusieurs niveaux : d'abord, on est loin de
la profondeur de la psychanalyse de la société américaine conduite
par Shyamalan sur des sujets très similaires, et quelque part,
malgré l'insertion des super-héros dans un quotidien trivial pertinent,
c'est quand même l'héritage Marvel etc. que l'on perpétue ici. Ensuite,
le foisonnement des personnages et des situations, sans doute exagéré,
pousse les scénaristes à sacrifier la crédibilité des enchainements et
des temporalités, créant un manque de crédibilité dommageable. Du côté
positif, "Heroes" a appris du rejet par le public de la narration façon "Lost", et
les scénaristes nous livrent ici une histoire finalement plus
traditionnellement bouclée, avec une vraie conclusion qui ne génèrera donc pas
de frustration. Mais la vraie force de la série, c'est sa capacité à créer
une véritable ambiguité, aussi bien des situations que des personnages,
allant donc à contre-courant de la fiction "hollywoodienne" comme de
l'idéologie néo-con (le stupéfiant épisode "5 ans dans le futur" propose
d'ailleurs une vision sans concession des dérives post-9/11, et assimile
carrément Bush à un nazi adepte de la solution finale !). Ce n'est pas
rien.