"Control" d'Anton Corbijn : si la musique de Joy D. était immortelle...
Dès la 1ère scène, montrant Ian Curtis à 16 ans rentrer chez lui pour écouter "Aladdin Sane", j'ai su que "Control" parlait de moi. De nous, qui avons aimé Bowie en 73, les Sex Pistols en 77, et... Joy Division juste un peu trop tard, en 80. Anton Corbijn était là, lui, dans la noirceur de l'Angleterre Thatchérienne, pour assister à la naissance improbable, inexplicable, d'une musique immense, qui marquera le siècle. Comme le génie est incompréhensible, Corbijn se contente de filmer un jeune homme, simple comme nous, bouleversé et torturé comme nous par les conflits les plus élémentaires de l'existence : un mariage trop hâtif, un bébé incompréhensible, l'amour que l'on ne peut pas "contrôler"... Ajoutez la malédiction de l'épilepsie, le sentiment grandissant de ne pas pouvoir donner tout ce que l'on attend de vous, il ne reste que le suicide comme issue. On est chez Loach, pas à Hollywood, on est loin du mythe malsain, on est dans un beau film, qui ne nous apprendra donc rien que nous ne savions déjà.