Délices et horreurs de la "Traversée du temps"
"La Traversée du Temps" est un film trompeur, qui intègre- et noie un peu - un thème fort (l'obsession d'un personnage pour une image, un instant, qui n'est pas, ou pas vraiment, advenu, un peu comme dans la "Jetée" de Chris Marker - comme le signalaient les Inrocks...) dans la chronique légère d'une adolescence banale (comment l'amitié devient amour, au milieu des conflits habituels entre lycéens). Il souffrira de sa trop grande "duplicité", égarant un peu notre patience dans un marivaudage Rohmerien assez léger, rehaussé par son graphisme follement élégant mais un tantinet atonal. La surprise et l'émotion seront donc d'autant plus fortes quand, après une heure de gentils amusements avec les paradoxes temporels, Hosoda nous confronte avec la mort et la tragédie, en une poignée de scènes magnifiquement mises en scène (nous rappelant que le génie de l'anime japonaise est celui de ses réalisateurs). Dommage qu'un happy end artificiel fasse finalement retomber notre enthousiasme...