I am a Chief - KC à l'Olympia le 5 Juin
Aucun doute, Kaiser Chiefs sont un groupe PO-PU-LAI-RE : il suffit de voir le nombre de petites minettes de 18 ans maxi qui sont déjà massées dans la queue de l'Olympia quand nous arrivons (eh oui ! Devant Gilles et Patrick ! Il faut quand même oser !) pour le comprendre. Heureusement, à la course à pied à travers la longue entrée de l'Olympia, et aussi à la resquille, nous sommes imbattables, même à près de 50 ans... Ce qui nous permet de nous planter au tout premier rang, à gauche, en plein devant l'ampli Orange de Andrew White, le guitariste de KC, douce promesse de prendre un peu de ROCK'N'ROLL bien droit dans nos feuilles, plus tard.
Les Good Shoes ouvrent le bal, à 20 h 00 précise,
pour un show d'une trentaine de minutes, et rien ne me permet de réviser mon
opinion mitigée de la première partie des Rakes (eh oui, déjà !) : on est à
nouveau intrigués par des rythmes tressautants et bancals, et ce d'autant plus
qu'on commence à reconnaître certaines chansons - en particulier "We are Not the
Same", leur morceau qui me paraît le plus accrocheur, ou "It's All in My Head"
avec son refrain à rebrousse-poil -, mais on peine à être vraiment passionnés
par ce qui se passe sur scène. La faute à une trop grande uniformité des
chansons, assez faibles dans l'ensemble, et aussi à l'attitude d'une froideur
assez infecte de l'ensemble du groupe : est-ce de la timidité ou de l'arrogance
? Difficile à dire, mais, par exemple, devant Joel Cox, le bassiste virtuose (le
pilier d'un groupe en général assez limité techniquement), il est impossible de
ressentir la moindre sympathie pour ce grand benêt qui jette des regards torves
sur tout ce qui bouge au delà de la scène : videurs, photographes ou
spectateurs, nous sommes tous considérés avec un mépris similaire. Envie donc de
lui attaquer la plante des pieds au chalumeau pour voir s'il rigole. Passons
!
L'attente reprend, agréablement interrompue par des petites conversations avec le service d'ordre ou par l'ami de Gilles, le Hibou de 1m64, qui n'arrête pas de nous traiter de "vieux" quand il nous questionne sur nos souvenirs (... "comment c'était la guerre, dit, pépé" ?) : il y a des baffes qui se perdent ! Un nain pleurnichard me demande s'il peut passer devant moi ("je ne crois pas que je vous gênerais", me dit ce doux innocent !), ce qui me permet d'être cruel en lui refusant de manière glaciale l'air qu'il me réclame : pour respirer, il fallait venir TÔT, eh, ballot !
21 h 05 et Kaiser Chiefs déboulent sur scène dans
un fracas heavy metal et des lumières blanches éblouissantes (et chaudes,... on
en sentira les effets tout au long du concert, sur chacune des "hymnes" du
groupe !) : "Every Day I Love You Less and Less" et dans la salle, c'est la
folie instantanée, et cela ne cessera pratiquement pas pendant les 70 minutes du
concert. Heureusement que nous sommes accrochés à la barrière, et résistants
aussi. Le son est bien fort comme on l'aime (... mais pas trop, docteur, je vous
jure, nous n'avons rien perdu de notre ouïe ce soir !), même si la balance est
moins parfaite qu'à l'habitude, et que l'on perdra régulièrement la voix de Ricky
Wilson : il faut dire que Andrew White mouline comme un malade devant nous,
concentré sur sa Gretsch (je crois...) derrière sa frange qui lui donne un air
mystérieux. Bon, si la petite heure qui suivra ne nous réservera guère de
surprises, mais un choix judicieux des plus beaux morceaux de 2 albums
exemplaires, quasi parfaits, elle confirmera le statut des KC de rois
intouchables de la pop anglaise : toutes les mélodies sont délicieuses, et un
morceau sur deux est l'occasion grandiose de tous hurler en choeur, ravis, voire
extatiques. Si l'on n'entend pas assez Ricky Wilson, il faut avouer que ce
dernier est de toute façon plus occupé à faire chanter tout ce beau monde avec
lui. La lumière sur scène est des plus dispendieuses (bonjour les photos, merci
!), mais on a droit à la noyade dans les lumières blanches à intervalles
réguliers, quand, comme des chiens de Pavlov, on nous somme d'y aller de nos "Na
Na Na Naa" : ou comment on réalise que la pop parfaite est assez autoritaire, et
on comprend le mot "Chiefs" dans Kaiser Chiefs. Heureusement, nos hommes sont
aussi de bons bougres, qui ouvrent le champagne sur scène pour l'anniversaire
d'un roadie, et ne sont jamais avares d'un sourire, d'une main tendue à un
slammer éjecté, voire d'une plaisanterie (la rituelle fausse chanson de Peanut,
l'organiste). Les GRANDS moments de ce soir seront, pour moi, un "Ruby" réjouissant
(exactement comme on savait que cela allait se passer, avec ce refrain à la
gaîté irrépressible), un "Na Na Na Naa" (justement) extatique, un "I Predict A
Riot" incendiaire, et un "Take My Temperature" brutal et intense. La musique
oscille comme sur le second album entre un punk rock speedé post-80 qui fait
pogoter la foule, et un heavy metal bas du front qui encourage les oscillations
assez bovines de la tête : que du bon, mon neveu !
On finit, rituellement - mais
le Rock PO-PU-LAI-RE n'est-il pas affaire de rituels ? - par "Oh My God",
toujours le plus merveilleux morceau des KC, et tout le monde de chanter (encore
une fois), ravis qu'ils n'arrivent pas y croire, non non non ! A la fin du
concert, les minettes en furie se battent pour s'arracher médiators, set lists,
voire serviettes éponge (on sera même témoin d'une mêlée ouverte, au sol, de
cinq groupies déchaînées... vision rare mais réconfortante...), et on repartira
trempés comme des soupes, sourds et aphones comme il se doit, mais heureux, non
sans avoir acheté les T-Shirts règlementaires ("I am a Chiefette" pour les
filles, les plus chers...).
"It's Only Rock'n'Roll, but I like It", pour paraphraser d'autres "vieux"...