"Nature morte" ou "Encore de la Vie" ? - Still Life de Jia Zhang-Ke
"Still Life" poursuit le travail politique - unique en Chine, tout au moins vu d'ici - mené par Jia Zhang-Ke, de réflexion sur la profonde transformation de la société chinoise s'ouvrant au monde et à la modernité (tout en demeurant le pays d'une bureaucratie communiste cruelle !) : comme "A l'Ouest des Rails" de Wang Bing, "Still Life" parle du lien social défait et de la simple humanité qui se délite sous les coups du Politique. Zhang-Ke emprunte cette fois la forme brute du documentaire, ou tout au moins le néo-réalisme poétique du Rossellini des origines. Il faut certes être prêt à s'immerger dans de longs passages mutiques qui rebuteront le spectateur pressé d'aujourd'hui, et on est alors régulièrement "scotché" par de véritables fulgurances, dûes à des effets spéciaux aussi simples qu'inspirés (les soucoupes volantes, le funambule du plan final), comme à la simple captation accidentelle de la vie, qui nous réserve, mieux que n'importe quel scénario bien huilé, des moments d'intense émotion.