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Le journal d'un excessif
8 octobre 2011

Kitty, Daisy & Lewis à la Joy Eslava (Madrid) le jeudi 6 octobre

2011_10_Kitty_Daisy_and_Lewis_Joy_Eslava_043C’est avec vingt minutes de retard sur l’horaire annoncé que la famille Durham, c’est-à-dire Kitty, Daisy & Lewis, accompagnés de papa – Graeme Durham à la guitare – et maman – Ingrid Weiss à la contrebasse, monte sur scène, devant un public très nombreux (a priori pas sold out, la Joy Eslava sera pourtant bourrée ce soir) et enthousiaste. Première constatation, en un an et demi, les trois rejetons ont changé de manière stupéfiante : les deux filles, un peu boulottes et gamines, sont devenues deux superbes créatures exotiques, et les mâles ont bien du mal du mal à détacher les yeux de leurs euh… instruments ; par contre, Lewis, jadis fascinant de grâce adolescente, est désormais un homme, avec une barbe de 3 jours et un (tout petit) peu plus de graisse… Ce qui n’a pas changé, par contre, c’est leur musique, ni même leur « jeu de scène » : d’emblée on attaque dans le registre rock’n’roll revival / country blues, d’entrée on swingue comme si on était encore à la fin des années 50, avec les garçons en costumes amples aux plis impeccables et les filles en robes à fleurs. La fratrie Durham échange à chaque morceau leurs places et leurs instruments, entre la batterie (un kit minimaliste), les claviers, la guitare et le chant. C’est toujours Lewis qui est le centre du set, c’est lui qui chante le mieux, avec cette voix très vintage elle aussi, c’est lui qui joue le mieux de la guitare et qui, sans être un vrai virtuose, arrache régulièrement au public - conquis d’avance - des cris d’enthousiasme. Ceci dit, est-ce moi qui suis 2011_10_Kitty_Daisy_and_Lewis_Joy_Eslava_088d’humeur un peu lugubre, mais je trouve le set nettement moins joyeux et entraînant que la dernière fois, sans doute parce que le manque d’évolution du groupe nous prive désormais de l’effet de surprise, mais aussi parce que le trio lui-même paraît moins généreux, moins lumineux. Kitty, je l’ai déjà dit mais j’insiste, est devenue une jeune femme superbe, mais n’a pas pour autant perdu sa tendance à faire la gueule, ce qui n’aide pas l’ambiance à se dégeler. Heureusement, il y a le passage ska de la soirée, avec l’aide, comme la dernière fois, d’un trompettiste jamaïcain vétéran dont la réjouissante énergie va enfin faire décoller le concert – je pense en particulier au très réussi Tomorrow. Comme sur les deux derniers albums, les seuls que je connaisse, les deux filles chantent plutôt mal, mais c’est nettement moins gênant sur scène, et Daisy reste assez irrésistible dans sa manière de jouer de la batterie ou du piano assise de côté, les jambes serrées, le regard hyper 2011_10_Kitty_Daisy_and_Lewis_Joy_Eslava_111concentré – fixé en général sur son frérot. Plus tard, c’est enfin Goin’ Up The Country, avec les deux sœurs qui font le show sur le même micro, c’est-à-dire un beau moment d’énergie juvénile pour une chanson – qui n’est pas d’eux, rappelons-le, mais des géniaux et un peu oubliés Canned Heat ! – qui risque de rester le sommet du trio. On approche de la fin du set sans que j’aie cette fois ressenti le même effet de grâce, et ce d’autant que l’interminable et stérile instrumental What Quid ne me paraît toujours pas plus convaincant.

Deux rappels quand même, une heure vingt de concert, mais je quitte la Joy Eslava avec un doute lancinant : et si Kitty, Daisy & Lewis n’étaient au final qu’un concept un peu creux, dont l’intérêt est condamné à s’émousser au fur et à mesure que les ados prodiges deviennent irrévocablement des adultes, guère plus doués pour la musique que le reste de l’humanité ? Je ne suis pas certain que je vais suivre le trio, j’aurais même préféré rester sur la jolie impression de fraîcheur qu’avait provoquée la découverte de cette musique roots il y a un an et demi.

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