"La Piel que Habito" de Pedro Almodovar : un film assez lamentablement foiré !
Almodovar du côté de Cronenberg ? On n’aurait pas osé y croire, mais c’est pourtant sur « Dead Ringers » plutôt que sur le Franju des « Yeux sans Visage » que lorgne « La Piel que habito » : pour la première fois (à moins que « Parle avec Elle » ait déjà été une telle tentative), Almodovar aborde son sujet préféré, le « trans-genre », sous l’angle conceptuel – donc froid - plutôt que celui du transport amoureux, ludique et enthousiaste qui caractérise son cinéma « classique ». C’est louable, et souvent impressionnant de maîtrise (à noter une impeccable mise en perspective avec l’art contemporain, ici Louise Bourgeois...), mais au final, ça foire assez lamentablement. Car les atmosphères glaciales, le malaise et le malsain, ce n’est clairement pas le terrain de jeu d’Almodovar, qui ne sait pas – à la différence de Cronenberg – y faire naître de l’émotion, ou même de la simple identification. Car, et c’est là la plus grosse plaie du film, sa tendance à construire de la fiction foisonnante et délirante, joue cette fois contre le film : si les coups de théâtre sont efficaces, si la multiplication des pistes inutiles (le Brésil, par exemple...) amuse un temps, ils annihilent finalement la crédibilité du film, désamorcent la démonstration théorique. Et quand éclate la dernière phrase : « Soy Vincente », qui se veut un cri déchirant, celui de l’identité qui continue à exister derrière le genre, on ne peut plus malheureusement qu’en rire !