Kitty, Daisy & Lewis à la Joy Eslava (Madrid) le mardi 30 mars
On
commence avec un duo un peu doo woop a capella de Kitty et Daisy à deux sur le
même micro, avant que s'organise sous nos yeux le ballet incessant qui marquera
la soirée : une rotation continuelle de nos trois jouvenceaux entre les
instruments, et aux vocaux... car ils sont tous trois de redoutables
multi-instrumentistes ! Le set proprement dit est attaqué par Mean Son Of A Gun, l'un de mes morceaux
préférés de l'album, et il est déjà possible de constater combien tous ce petit
monde a fait des progrès depuis l'enregistrement de ce dernier : voix plus
assurées, technique instrumentale irréprochable, son beaucoup plus plein, moins
"roots" certes, KD&L n'ont plus la « fraîcheur des débutants »
qui illumine leur disque, mais on n'a rien perdu au change, car le groupe
déménage désormais, et n'a aucun mal à mettre rapidement le feu à un public
conquis à l'avance.
Autre
constatation importante, KD&L ont élargi leur palette musicale, sortant du
cadre étriqué du rock'n'roll primitif pour explorer la musique hawaïenne, mais
aussi le reggae et le ska, avec le support non négligeable d'un superbe trompettiste
jamaïcain qui apporte son sourire, son enthousiasme, et son souffle à plusieurs
morceaux ce soir. Le son est bien compact, et, mis à part quelques problèmes au
début avec un larsen persistant sur la contrebasse - que le papa ingé-son
viendra régler -, parfait, respectant l'équilibre des voix même là où nous
sommes placés, Alejandro et moi, en plein milieu.
Il
est temps de parler d'un aspect non négligeable de KD&L : l'énergie
sexuelle qui se dégage - logiquement - d'un tel trio dont l'âge oscille désormais
entre 19 et 21 ans. Si Kitty, je l'ai dit, est relativement fade, et ne se
départira que rarement de son air grognon ce soir, Daisy est un vrai bonbon
sucré, avec ses formes généreuses, ses lèvres charnues et sa poitrine abondante
qu'on se ravira forcément de voir régulièrement ballotter à quelques mètres de
nous par la grâce d’un généreux décolleté, alors qu'elle martèle une caisse
claire ou le clavier du piano, ou encore se concentre d'un air studieux sur son
xylophone. Mais, même pour les garçons, la star du groupe, celui qui aimante
tous les regards, c'est le jeune Lewis, impeccable dans son costume très 50's
et avec sa volumineuse banane gominée : il évoque un mélange magique de James
Stewart (la classe "prolétaire" vaguement distraite) et Gregory Peck
(l'allure raide du jeune homme grandi trop vite et un peu maladroit), avec bien
sûr la moue boudeuse et sensuelle Presleyienne... Et comme Lewis, non content
d'être beau comme un jeune dieu, est aussi un musicien remarquable, ce que le
disque ne peut pas laisser deviner, autant avouer qu'on est très vite là
surtout pour lui ! Parties de guitare flamboyantes, véritable leçon de piano
qu'il donnera à Kitty pendant le long rappel (les talents plus limités de Kitty
à la guitare alors qu'elle tentera de le suivre dans ses improvisations
charmantes n'en seront que plus flagrants), il n'y aura guère qu'à la pedal
steel guitar qu'il nous laissera un peu plus dubitatifs...
Au final, pour ce dernier concert de leur tournée, la famille Durham nous offrira 1 h 20 d'un voyage musical vers les origines qui vaudra certes plus pour l'enthousiasme et la qualité de l'interprétation que pour l'originalité des morceaux, tous assez "standards", avec deux clairs sommets : le ravageur Going Up The Country, avec les deux sœurs se disputant le micro pour un chant agressif et enthousiasmant qui ravira tout le monde, et surtout le sublime duo harmonica (Kitty dans ce qui est son point fort !) - guitare électrique (Lewis au sommet) qui viendra conclure le set avant le rappel : décollage vertical du public, grand frisson et larmes aux yeux, un vrai "moment" où l'on a même touché la grandeur... Oui, ça aurait sans doute dû être la fin du set, car la jam session un peu longuette en rappel n'a rien rajouté à notre plaisir.
PS : l'intégralité de mon CR de la soirée sera publié sur le blog des RnRMf***s !