"Il Était Une Fois en France" - Tome 2 : Passionnante ambigüité...
Il est indéniable que ce second volume de la saga "Il Était Une Fois en France" est moins impressionnant que le premier, Nury et Vallée abandonnant la narration sophistiquée en flash backs qui faisait quand même une partie de l'attrait de celui-ci, pour se concentrer sur le récit beaucoup plus classique de la période la plus noire de notre Histoire, celle de l'Occupation et de la collaboration. Et il faut bien avouer que le scénario de Nury, que l'on sent a priori bien arrimé à un travail de recherche sérieux, ne ménage guère notre sensibilité et nos (possibles dernières) illusions : on est ici dans le royaume du Mal à l'état pur, et ·Le Vol Noir des Corbeaux" nous propose une mémorable galerie de personnages ignobles, qui, quelque part dédouanent au final Joanovici du jeu aussi dangereux que répugnant auquel il se livre (s'enrichir tout en survivant à l'Holocauste qui se met en branle). Il y a indiscutablement un risque - assumé par les auteurs - quand on travaille autant dans l'ambigüité de personnages auxquels, forcément, le lecteur s'attache, et ce flux permanent de paradoxes (Joanovici, autant sauveur que détrousseur de juifs, aussi mauvais père de famille qu'amant fidèle, plus profiteur que collaborateur ?) fait largement l'intérêt de ce livre. On ajoutera enfin que le dessin de Vallée a pris de l'assurance depuis le premier tome, même si on reste quand même dans une illustration traditionnelle du récit, un tantinet studieuse.