Vampire Weekend au Teatro Circo Price (Madrid) le dimanche 28 mars
21
h 15, Vampire Weekend
monte sur scène, le rideau derrière eux se lève, et apparaît une splendide
reproduction de la photo de la pochette du second album (avec - surprise - les yeux
qui s'illumineront de couleurs diverses sur certaines chansons : effet garanti
!). Je ne peux pas m'empêcher de penser que l'image est très habile : les deux
pochettes des deux albums sont représentées sur scène, annonçant qu'on aura un
mix "naturel" de ces deux albums. Et c'est bien ce qui va se passer,
avec quand même une nette préférence pour le second, qui, de fait, va fournir
la matière la plus conséquente, en quantité (il aura été, je crois, joué en
entier, à l'exception de Contra...
malheureusement) et en qualité (eh oui ! Qui l'eût cru ?), pour le set de ce
soir. Tout de suite, dés le premier morceau, White
Sky, je suis frappé par la métamorphose de Vampire Weekend : fini
les post-ados appliqués qui essayaient de reproduire parfaitement sur
scène leurs chansons, VW est maintenant un vrai groupe de rock, une superbe
machine de scène, faite pour danser et chanter en chœur. Et Madrid va danser et
chanter en chœur pendant 1 h 15, comme toujours, mais un peu plus encore
(J'arriverai même à être bousculé lorsque le pogo s'emparera de la quasi
totalité de la fosse...!). Au bout de trois morceaux, les gradins sont debout
et dansent aussi, et autour de moi comme sur scène, tout le monde sourit. C'est
évidemment Ezra qui focalise l'attention : s'il a toujours son look de
lycéen new-yorkais bon chic bon genre, il est maintenant parfaitement à l'aise
derrière son micro, passe son temps à danser quand il ne chante pas, et à
balancer des plaisanteries, un petit sourire en coin ("C'est une très
vieille chanson de Vampire Weekend, elle est triste, elle parle de quand
l'amour de votre vie part pour s'installer dans le Massachussets. Comme c'est
un truc qui vous arrive tous les jours à Madrid, on s'est dit qu'il fallait partager
!", en introduction de Boston)...
A noter par contre que Rostman, à la différence de ses collègues
qui font le spectacle, s'agitent comme des petits pois mexicains, et
galvanisent le public, ressemble toujours à un gros nounours empoté (il
faut le voir agiter les bras à contre temps, il a alors l'air d'une poule qui a
trouvé un couteau), malgré son t-shirt "hype" (the XX).
Côté
technique, on reste admiratif devant la splendeur et l'intelligence
des lumières (encore une raison de regretter l'interdiction des photos)
qui combinent brillamment les effets des lustres et de la toile de fond aux
couleurs changeantes. Le son est lui, correct, mais aurait certainement pu être
plus fort (ce qui est en général le cas en Espagne), sauf qu'on perçoit bien
les limites de l'acoustique d'une telle salle, ronde... On pourra aussi
reprocher à Vampire Weekend que la voix d'Ezra n'est pas toujours aussi
claire que sur le disque, mais cette imperfection - qui fait la différence
avec le concert de 2008 - va finalement bien mieux au groupe tel
qu'il est aujourd'hui sur scène, volontaire et décidé, certainement plus
"rock" que ce à quoi je m'attendais. Non, à propos d'Ezra, je serai
seulement réservé quand à sa tendance à abuser un peu de l'auto-tuning.. sur California English bien sûr (c’est la
"signature" de la chanson), mais aussi sur deux ou trois morceaux du
concert.
Mais
ces réserves sont bien mineures quand on réalise que, en 2010, Vampire
Weekend est désormais un groupe capable d'aligner un set de 75 minutes composée
en quasi intégralité de chansons parfaites, que tout le monde chante -
intégralement - en chœur, sans baisse de régime. Pour moi, ce soir, les
sommets auront été : Cousins, avec
une véritable explosion rythmique et joyeuse au milieu, Taxi Cab parce qu'il aura été le seul
moment de repos (contrebasse électrique, batteur sur un petit clavier
électronique), Giving Up The Gun,
une chanson que j'adore pour son côté "New Order rencontre les Strokes à Johannesbourg", puis, surtout, le rappel : 3 titres parfaits, avec
cerise sur le gâteau, une version frénétique et percutante, prolongée pour le
plaisir, de Walcot... Enfin
le grand frisson que l'on recherche - la plupart du temps vainement - à
chaque concert, enfin les larmes aux yeux, enfin le bonheur...
Eh oui, nous ne sommes que fin février, mais voici une soirée qui risque bien de finir classée très haut dans le top des meilleurs concerts de mon année. Vampire Weekend ! Vampire weekend !
L'intégralité de ce CR est sur le blog des Rock'n'Roll Mother f***s !