"Very Bad Trip" de Todd Phillips : grand public certes, mais hyper-efficace
Oh bien sûr, par rapport aux délires des Frères Farrelly ou à la nouvelle vague comique US se déchaînant sous la houlette de Judd Apatow, ce "Very Bad Trip" a quelque chose de curieusement "grand public" - d'où son succès populaire, rare en France pour une comédie américaine : exploitation d'un thème assez universel tel que l'enterrement de la vie de garçon qui dérape affreusement, avant de revenir plus ou moins gentiment dans les convenances sociales. A dire vrai, il n'y a pas grand' chose ici qui aille chatouiller quoi que ce soit de psychologiquement ou de socialement borderline (le personnage du frère semi-débile aurait certainement eu une autre ampleur chez les Farrelly, ici la pédophilie rapidement suggérée est soigneusement évacuée), et il n'y a jamais de vraie prise de risque par rapport à des clichés assez communs, voire "beaufs" (Vegas, ville du péché ; les épouses sont des emmerdeuses, vive les putes ; les chinois sont des maffieux et les noirs trafiquants de drogues, incompétents au demeurant, etc.). Pourtant, il y a quelque chose dans "Very Bad Trip" qui transcende tout cela, une indéniable magie dans sa construction de quasi-thriller, mais un thriller assez obscur, dont on ne tiendra le fil rouge que dans les dernières minutes du générique, génial flash back sur une réalité qui n'a pas eu le droit d'être enregistrée, ni dans les mémoires, ni par le film. Il y a en outre trois acteurs épatants, à la fois irrésistibles et 100% crédibles, qui tiennent à bout de bras la crédibilité de ce film, au final au vraie réussite dans un genre mineur.