"Dead Girls" de Nancy Lee
De temps en temps, un livre vous marque plus que d'autres, vous brûle avec une intensité différente, vous permet de toucher du doigt aussi ce que peut faire la littérature lorsque la force d'un sujet se conjugue à la pertinence d'un style. Lire "Dead Girls", le premier livre d'une jeune canadienne débutante, Nancy Lee, permet ainsi de se souvenir combien écrire - et lire - peut être essentiel dans la connaissance de l'autre, et de soi-même, ce qui n'est pas rien. Chacun des récits qui le compose est un portrait de femme (enfant, jeune fille, femme mûre) et un précis éprouvant de dévastation : chacun apporte au lecteur sidéré son fardeau douloureux d'humanité, une humanité comme électrocutée par le désespoir de sa condition. Chacune des nouvelles est plus accablante, dans son déni obstiné qu'il subsiste le moindre espoir de s'en sortir : chacune vous tirera potentiellement des larmes de sang, sans avoir le moins du monde recours aux habituels artifices d'une littérature sentimentale. Lire "Dead girls", livre gorgé de mort silencieuse et d'horreur tranquille, c'est pourtant faire l'expérience de la vie. Et si Nancy Lee s'avérait dans les années qui viennent un écrivain majeur ?